Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/169

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déclarations, et s’étant vu interdire l’entrée de la maison, il avait corrompu la femme que j’avais laissée avec elle et l’avait chargée de remettre ses lettres ; cette femme fut chassée, mais Tyrrell n’était pas un scélérat ordinaire ; il entra dans la maison un soir, quand personne ne s’y trouvait que Gertrude. Approchez-vous de moi Pelham, plus près, tendez votre oreille : il usa de force, et de violence ! Cette nuit même la raison de Gertrude l’abandonna, vous connaissez le reste.

« Du moment que j’eus reconnu d’après les phrases entrecoupées de Gertrude, toute l’horreur du crime, à ce moment même le démon de la vengeance entra dans mon âme. Tout sentiment humain sembla s’enfuir de mon cœur ; il se concentra dans un brûlant, avide et farouche besoin, le besoin de la vengeance ! J’aurais voulu m’élancer loin du lit, mais la main de Gertrude était attachée à la mienne, et me retenait. La pression humide, glacée, devint plus froide, plus froide encore, elle cessa. La main tomba, je me retournai, un léger mais effroyable frisson passa sur ce visage rendu plus pâle encore par la clarté de la lune, une convulsion agita les membres, un murmure s’échappa des lèvres défaillantes et décolorées. Je ne puis vous dire le reste, vous savez, vous devinez.

« Huit jours après, nous l’ensevelîmes dans le cimetière solitaire où elle avait, dans ses moments lucides, témoigné le désir de reposer à côté de sa mère. »