Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/204

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gnance à croire ; puis il procéda aux questions. Je vis avec une affliction que je puis à peine exprimer que toutes mes réponses agissaient puissamment contre la cause que je m’efforçais de soutenir. Je fus obligé de reconnaître qu’un homme à cheval avait passé devant moi après que Tyrrel m’eut quitté ; qu’en arrivant sur le lieu où fut trouvé le mort, je vis le même cavalier dans cet endroit : et que je croyais, non, que j’étais sûr (comment dire le contraire ?) que cet homme là était bien Réginald Glanville.

Thornton avait déjà offert d’ajouter un témoignage de plus. Il pouvait prouver, que le dit cavalier était monté sur un cheval gris, vendu à une personne qui répondait parfaitement au signalement de Sir Réginald Glanville ; et qu’en outre ce cheval était encore dans les écuries du prisonnier. Il produisit une lettre qu’il avait trouvée disait-il, sur la personne du mort, signée de Sir Réginald Glanville, et contenant les plus terribles menaces contre la vie de Sir John Tyrrel. Enfin, pour couronner le tout, il me somma de témoigner que nous avions découvert ensemble, sur le lieu même où fut commis le crime, une miniature appartenant au prisonnier, qui depuis lui avait été rendue et se trouvait maintenant en sa possession.

À la fin de cet examen, le digne magistrat secoua la tête en signe d’évidente détresse. « J’ai connu sir Réginald Glanville personnellement, dit-il, dans sa vie privée comme dans sa vie publique, j’ai toujours pensé que c’était le plus droit et le plus honorable des hommes. J’éprouve la plus grande douleur d’être obligé de dire qu’il sera de mon devoir absolu de le faire passer en jugement. »

J’interrompis le magistrat ; je demandai que Dawson fût produit. « Je me suis enquis déjà, dit-il, auprès de Thornton de cet homme dont le témoignage est d’une importance évidente ; il me dit que Dawson a quitté le pays et qu’il ne peut donner aucun indice sur son adresse.

— Il ment ! m’écriai-je, dans la brusque angoisse de mon cœur ; on fera paraître son complice. Écoutez-moi ; j’ai été, après Thornton, le principal témoin contre le prisonnier, et quand je vous jure qu’en dépit de toutes les apparences, j’ai la confiance la plus solennelle dans son innocence, vous