Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/205

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pouvez vous en fier à l’assurance que je vous donne, qu’il y a des circonstances en sa faveur qui n’ont pas encore été appréciées, mais que je m’engage à produire bientôt. » Alors je dis à l’oreille du magistrat ma ferme conviction que le crime partait de l’accusateur lui-même. Je m’étendis avec force sur la circonstance que Tyrrell m’avait contée, que Thornton avait connaissance d’une forte somme qu’il portait sur lui, et de l’étrange disparition de cette somme lorsque son cadavre fut examiné sur le lieu fatal. Après avoir montré qu’il était impossible de supposer que Glanville eût volé cet argent, j’insistai fortement sur la position misérable, les habitudes dissolues et le caractère endurci de Thornton ; je rappelai à l’esprit du magistrat la singulière absence de Thornton qui n’était pas dans sa maison quand j’allai l’y demander, et la nature douteuse de son excuse ; j’ajoutai bien des choses encore, mais toutes également en vain. Tout ce que je pus obtenir, à force de pressantes instances, ce fut un sursis, motivé sur l’assurance que je pourrais confirmer mes soupçons par des preuves beaucoup plus fortes avant que le délai fût expiré.

« Il est très-vrai, dit l’équitable magistrat, qu’il y a bien quelques apparences contre le témoin ; mais certainement elles n’équivalent pas à quelque chose de plus qu’un léger soupçon. Si cependant, vous pensez positivement que vous puissiez vérifier quelques faits pour éclairer ce crime mystérieux et diriger les recherches de la justice d’un autre côté, j’ajournerai la question et renverrai le prisonnier à un autre jour ; voulez-vous que ce soit après-demain ? Si d’ici là on ne peut rien découvrir d’important en sa faveur, il sera nécessairement mis en jugement. »