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CHAPITRE LXXIX


Lorsque je quittai le magistrat, je ne savais où porter mes pas. Il n’y avait cependant pas de temps à perdre : il ne s’agissait pas de s’abandonner à la stupeur que la situation de Glanville m’avait causée d’abord ; je la secouai, par un effort violent, et m’adressai à toute l’énergie de mon esprit pour tirer le meilleur parti du court répit que j’avais réussi à obtenir. À la fin, une de ces pensées soudaines, qui, par leur soudaineté même, paraissent plus lumineuses qu’elles ne le sont réellement, me passa par l’esprit. Je me rappelai le caractère accompli de M. Job Jonson, que j’avais vu en compagnie de Thornton. Or, quoiqu’il ne fût pas très-vraisemblable que Thornton eut fait de M. Jonson le confident de ses affaires secrètes, cependant la finesse et la pénétration remarquables du caractère du digne Job n’avaient pu rester tellement inoccupées pendant son association avec Thornton, qu’elles n’eussent fait quelques découvertes qui pouvaient m’aider puissamment dans mes recherches. D’ailleurs, comme il est littéralement vrai que dans la filouterie organisée de Londres, « les oiseaux de même espèce vont au même perchoir, » il n’était nullement invraisemblable que l’honnête Job eût pu être honoré de l’amitié de M. Dawson, aussi bien que de la compagnie de M. Thornton ; auquel cas je comptais avec plus de confiance encore sur les aveux de cette noble paire d’amis.

Je ne pouvais cependant me cacher à moi-même, que ce