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n’était qu’un raisonnement bien incertain et bien peu logique ; il y avait même des moments où les apparences contre Glanville ressemblaient si bien à la vérité, que toute mon amitié pouvait à peine bannir de mon esprit l’importun soupçon qu’il pouvait bien m’avoir trompé, et que l’accusation n’était peut-être pas dénuée de tout fondement.

Cette malencontreuse idée, cependant, ne ralentit nullement la rapidité avec laquelle je me hâtai de me rendre au mémorable cabaret où j’avais autrefois rencontré M. Gordon. C’est là que j’espérais trouver l’adresse de ce gentleman, ou celle du « club, » où il m’avait conduit, en compagnie de Tringle et de Dartmore. Soit à ce club, soit de la bouche de ce gentleman, j’espérais avec quelque vraisemblance obtenir des nouvelles de M. Job Jonson ; sinon, j’étais résolu à retourner au bureau de police, et à employer le gentleman à la trogne dont j’avais fait connaissance la nuit dernière, à la recherche du pieux Job.

Le destin m’épargna tout un monde d’embarras ; tandis que je marchais à la hâte droit devant moi, le hasard me fit tourner les yeux de l’autre côté de la rue, et j’aperçus un homme habillé de la même manière que les journaux appellent le nec plus ultrà de la mode, c’est-à-dire : orné du plus fastueux équipement qui se soit jamais étalé à Margate, ou qui jamais ait brillé sous les galeries du Palais-Royal. Le vêtement inférieur de ce petit-maître consistait en un pantalon bleu collant chargé de ganses en profusion et terminé par des bottes à l’écuyère, ornées d’éperons de cuivre du poli le plus brillant ; son gilet de velours noir était parsemé d’étoiles d’or ; sa redingote verte était couverte de fourrure, malgré la chaleur de la saison, et chargée de riches brandebourgs qui annonçaient plus de prodigalité que de goût. Un petit chapeau français, qui n’aurait pas été trop grand pour milord *** était posé de côté au centre d’un système de longues boucles de cheveux noirs, que mon œil, accoutumé dès longtemps à pénétrer les secrets de l’art de la toilette, reconnut de suite pour une perruque. Une farouche moustache noire, extrêmement frisée, se prome-