Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/210

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là, mais beaucoup plus encore que je ne veux pas dire, par exemple votre petite méprise de tout à l’heure dans la boutique du joaillier d’Oxford Street, etc., etc., peut-être serait-il mieux pour vous de ne pas m’obliger à faire un rassemblement et (pardonnez la brusquerie de mon discours) à vous mettre entre les mains d’un constable ? J’espère que vous m’épargnerez ce désagrément. Et tout d’abord je vous pardonne parfaitement de m’avoir débarrassé du comfort inutile d’un portefeuille et d’un mouchoir, de l’accessoire peu philosophique d’une bourse, et d’un bijou en or, gage efféminé d’amour ; puis, songez donc qu’il m’est parfaitement indifférent que vous leviez des contributions sur les joailliers ou sur les gentlemen, et que je suis loin de vouloir m’immiscer dans vos inoffensives occupations ou porter atteinte à vos innocents amusements. Je vois, M. Jonson, que vous commencez à me comprendre ; permettez-moi de vous faciliter les choses, par un avis additionnel qui, précédé de la promesse de vous ouvrir ma bourse, mérite peut-être de m’ouvrir un peu votre cœur. J’ai, en ce moment, grand besoin de votre aide, faites-moi la faveur de me l’accorder, et je vous récompenserai à votre pleine satisfaction. Maintenant sommes-nous amis, M. Job Jonson ? »

Mon vieil ami partit d’un bruyant éclat de rire. « Eh bien ! monsieur, je dois dire que votre franchise m’enchante. Je ne puis plus longtemps feindre avec vous ; véritablement, je commence à voir que ce serait inutile ; mais d’ailleurs, j’ai toujours adoré la candeur, c’est ma vertu favorite. Dites-moi ce que je peux faire pour vous et je mets mes services à votre disposition.

— Un mot, lui dis-je : voulez-vous être ouvert et franc avec moi ? je vous ferai certaines questions, qui n’intéressent en rien votre propre sûreté, mais sur lesquelles, si vous voulez me servir, vous devez me donner vos réponses les plus candides. Pour vous affermir dans cette honnête résolution, sachez aussi que les dites réponses seront portées mot pour mot devant une cour de justice, et que, par conséquent, vous ferez preuve de prudence en les conformant aussi rigoureusement à la vérité que