Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/220

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« Il faut que vous me pardonniez si, pour arriver au point en question, je pars d’un autre point qui peut vous sembler tiré d’un peu loin. »

J’approuvai cette réflexion par un signe de tête, et Job continua.

« J’ai connu Dawson pendant quelques années ; ma connaissance avec lui a commencé à Newmarket, car j’ai toujours eu une certaine inclination pour le turf. C’était un garçon extravagant et étourdi qui se laissait aisément entraîner à toute sorte de mauvais coups, mais il s’en tirait toujours à son honneur. En résumé, quand il devint l’un des nôtres, ce qui ne fut pas long, avec ses habitudes de dissipation, nous les considérâmes comme un instrument très-utile ; c’est un individu, en même temps assez vicieux pour entreprendre une mauvaise action, mais beaucoup trop faible pour la poursuivre ; aussi on l’employait souvent, mais toujours avec défiance. Quand j’ai dit qu’il devint des nôtres, je vois que ce mot a excité votre curiosité. Je voulais simplement parler d’une société clandestine dont nous bornions les opérations à des exploits sur les domaines du turf. Je crois devoir faire cette distinction (poursuivit M. Jonson d’un air aristocratique), parce que j’ai l’honneur d’appartenir à plusieurs autres sociétés dans lesquelles Dawson n’aurait jamais pu être admis, si bien donc, monsieur, que notre club à la fin fut dissous, et Dawson abandonné à ses propres moyens d’existence. Son père était encore vivant, et le jeune héritier présomptif, s’étant fâché avec lui, se trouvait dans la plus grande détresse. Il vint à moi avec une piteuse histoire et une figure plus piteuse encore. En cet état j’eus compassion du pauvre diable et je lui procurai, grâce à mon crédit, l’admission dans une bande de bons compagnons que j’ai visitée, par parenthèse, la nuit dernière. Là je l’ai pris sous ma surveillance particulière ; et, autant que faire se peut avec une tête dure et lourde comme celle d’un dromadaire, je lui enseignai quelques tours élégants de ma profession. Cependant le chien d’ingrat retourna bientôt à ses anciennes habitudes, et me frustra de ma moitié dans une prise à laquelle je l’avais aidé de ma personne. Je hais la