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L’habillement de cette dame n’était pas aussi humble que l’on aurait pu le supposer. Une robe de soie cramoisie, ornée de volants et de falbalas jusqu’aux genoux, était relevée avec goût par un châle d’un jaune éclatant. Une paire de lourds pendants étincelait à ses oreilles. Probablement toute cette parure devait son origine à la politique de ses hôtes, qui avaient assez vu de la vie pour savoir que l’âge qui calme toutes les autres passions n’éteint jamais celle de la toilette dans le cœur de la femme.

À peine les quatre drôles eurent-ils jeté les yeux sur moi, qu’ils se levèrent tous.

« Mordieu[1], Bess ! cria le plus grand de la troupe, quel gosselin est-ce là ? est-ce ici un mannezingue pour que tout marpant y apporte son hauge ?

— Ho, ho, mon môme, cria Job, ne soyez pas arbif : pourquoi crier au cornant sur un cornillant : le gosselin est un chenu marpant et un zigue à moi ; et de plus c’est une aussi jolie fleur de Tyburn qu’il y en eut jamais pour monter le cheval produit par un gland. »

Sur cette présentation élogieuse je fus entouré sur-le-champ, et l’un des quatre proposa que je fusse immédiatement « élu. »

Cette motion, probablement, ne promettait pas une cérémonie agréable, car Job la repoussa d’un air de dictateur, et rappela à ses camarades que tout convenable qu’ils pussent trouver de s’abaisser par occasion, ils étaient cependant des gentlemen escrocs, et non des voleurs de nuit et des faiseurs de mouchoirs vulgaires, et que, par conséquent, ils devaient m’accueillir avec les formes civiles qui convenaient à leur position sociale.

Sur cet avis qui fut reçu avec un mélange de rires et de déférence (car Job paraissait être un homme influent parmi ces Philistins) le plus grand de la compagnie, qui

  1. « Mordieu, Bess ! cria le plus grand de la troupe, quel compagnon est-ce là ? Est-ce ici une auberge pour que tout individu y apporte sa malle ? — Ho, ho, mon petit ! cria Job, ne soyez pas en colère : pourquoi crier au bœuf sur un veau : l’homme est un bon compagnon et un de mes camarades. »