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portait le nom euphonique de Patte d’araignée, me demanda poliment si je voulais « souffler un nuage avec lui ! » et sur mon consentement (car je pensais qu’une telle occupation serait une excellente excuse pour garder le silence), il me présenta une pipe pleine de tabac, à laquelle dame Brimstone mit le feu, et bientôt je fis de mon mieux pour épaissir encore plus l’atmosphère autour de nous.

M. Job Jonson commença alors avec habileté à détourner de moi la conversation pour la reporter sur les anciens associés de la bande ; on les désignait tous sous des noms singuliers bien capables de dérouter toute impertinente curiosité. L’un se nommait Vilbrequin, et l’autre Blaguefort, un troisième, Magicien, un quatrième, Pomme d’api. Le plus grand des membres présents de la compagnie, s’appelait (comme je l’ai déjà dit ci-dessus), Pattes d’araignée, et le plus petit, Trotte-menu ; Job lui-même était honoré du vénérable nom de « Cochon d’Inde. »

Job finit par expliquer la cause de ma présence, c’est-à-dire le désir qu’il avait de calmer la conscience de Dawson en costumant un camarade, que le pécheur ne pût reconnaître, comme un bailleur d’absolutions, et de lui procurer ainsi le bénéfice des choses saintes sans mettre la compagnie en danger par sa confession. Cette explication fut reçue avec beaucoup de bonne humeur, et Job, saisissant le moment favorable, se leva bientôt après, et, se tournant vers moi, me dit :

« Démurge, mon chenâtre mion, il faut que nous remouquions les bricards, et que nous mouchaillions le pantre aux peccavis[1]. »

Je ne me fis pas dire deux fois de déguerpir.

« Que le[2] boulanger t’antrole, Cochon d’Inde, pour avoir effarouché le picton, dit Pattes d’araignée, en humant le bol qui était déjà presque vide.

  1. Parlons mon brave, il faut que nous montions l’escalier pour aller voir le pécheur.
  2. Que le diable t’empoigne, Cochon-d’Inde, pour interrompre nos libations.