Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/261

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et nous allons aviser à ce que l’on peut faire. Attendez ici, Votre Honneur, pendant que je descends voir si ces garnements sont allés se coucher, et si le terrain est libre. »

Job descendit et je rentrai dans la chambre de Dawson. Quand je lui dis que nous étions résolus, s’il était possible, à le faire évader, rien ne peut donner une idée de son ravissement et de sa gratitude. Mais il exprimait ces sentiments d’une manière si servile et si basse, avec tant d’ignobles menaces de vengeance contre Thornton, que je pus à peine cacher mon dégoût.

Jonson revint, et me fit signe de sortir de la chambre.

« Ils sont tous au lit, monsieur, dit-il, Bess aussi bien que les autres. En vérité, la vieille fille a tant bu qu’elle dort comme si elle ne devait plus se réveiller qu’au jour du jugement. Je me suis assuré aussi que la porte de la rue n’a pas été refermée au verrou, de manière qu’après tout, si nous ne réussissons pas cette nuit, il n’y a pas de raison pour que nous fassions mieux une autre fois. Je ne crains que la maladresse de ce poltron. J’ai laissé toutes grandes ouvertes les deux portes de Bess ; ainsi nous n’avons qu’à nous glisser par là ; quant à moi, je n’en suis pas à mon coup d’essai, et je pourrais dérober aussi bien mon passage à travers la chambre d’un malade, qu’un rayon de soleil à travers le trou d’une serrure.

— Eh bien ! lui dis-je dans le même style, je ne suis pas non plus un éléphant, et mon maître de danse avait l’habitude de me dire que je pourrais marcher sur l’aile d’un papillon sans compromettre l’éclat de ses couleurs ; (pauvre Coulon ! il ne se doutait guère de l’usage auquel devaient plus tard me servir ses leçons !) ainsi détalons prestement, maître Job.

— Arrêtez, dit Jonson ; j’ai encore une cérémonie à accomplir avec notre oiseau en cage. Faut-il que je lui mette encore un bâillon ? car bien que, s’il s’échappe, je doive quitter l’Angleterre, peut-être pour toujours, pour éviter toute rencontre avec ces bons lurons, et que, par conséquent, je me soucie peu qu’il babille sur mon compte ; cependant il y a quelques braves compagnons dans le club auxquels je ne voudrais pas faire tort pour tout l’or des