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blement ceux qui me poursuivaient depuis l’étage supérieur. Heureusement le passage (comme je l’ai dit plus haut) était très-étroit ; et tant que l’on n’userait pas d’armes à feu, et qu’on ne ferait pas contre moi une charge générale, je ne doutais pas que je ne fusse capable de tenir les bandits en respect jusqu’à ce que j’eusse trouvé le moyen de faire jouer le loquet.

Tandis que ma main gauche était occupée à chercher ce malheureux loquet, je faisais assez bon usage de la droite pour tenir mes adversaires à distance respectueuse. Celui qui s’était aventuré le plus près de moi, était Trotte-menu ; il avait une arme exactement semblable à la mienne, tout le passage retentissait de jurons et de menaces. « Butez le mion ! basourdissez-le, basourdissez-le avant qu’il débride la lourde !… Fib, entaillez-le de part en part ; s’il parvient à s’esbigner nous épouserons tous la veuve. »

Jusque-là, au milieu de la confusion, je n’avais pas été capable de me rappeler les instructions de Job pour ouvrir le loquet ; enfin je m’en souvins et pressai la cheville, le loquet se leva, j’ouvris la porte ; mais pas assez pour m’échapper par l’ouverture. Les scélérats virent que ma fuite était imminente. « Précipitez-vous sur le mion ![1] précipitez-vous sur lui ! » cria la voix forte de quelqu’un qui était derrière. À ces mots, Trotte-menu fut poussé sur la pointe tendue de ma lame ; mon bras n’eut pas besoin de faire un effort, l’épée lui entra dans la poitrine et il tomba à mes pieds baigné dans son sang ; l’attaque dont ils attendaient ma perte, devint mon salut ; ébranlés par la chute de leur compagnon, ils me laissèrent passer ; je profitai de la confusion du moment, j’ouvris la porte avec violence, et, me souvenant de l’avis de Job, je tournai à droite, avec une rapidité qui rendait toute poursuite impossible.

  1. Tuez-le camarade, jetez-le en bas avant qu’il n’ouvre la porte… Fib, percez-le, de part en part, s’il s’échappe d’ici, nous serons tous pendus.