Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/268

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— Doucement, doucement, monsieur, répondit Jonson. Vous ferez tout ce qu’il vous plaira, mon rôle à moi est terminé. Maintenant, je vais coucher à Douvres cette nuit, et déjeuner à Calais demain. Si cela ne gênait pas Votre Honneur, je vous prierais de me compter d’avance le premier quartier de ma pension et de me faire toucher le reste exactement sur la maison Lafitte à Paris, à l’ordre du capitaine de Courcy. Je ne puis encore trop dire où je compte demeurer désormais ; mais soyez assuré qu’il y aura peu d’endroits, la vieille et la nouvelle Angleterre exceptées, où je ne puisse mener joyeuse vie, grâce à la libéralité de Votre Honneur.

— Fi ! mon brave garçon, repris-je, n’abandonnez jamais un pays auquel vos talents font tant d’honneur ; restez ici, et réformez-vous à l’aide de votre pension. Si jamais je puis voir mes propres souhaits accomplis, je tâcherai que les vôtres n’y perdent rien non plus ; car je penserai toujours à vos services avec reconnaissance… quoique vous m’ayez fermé la porte au nez.

— Non, monsieur, reprit Job, la vie est un trésor dont je désire ardemment jouir encore quelques années. Or, pour le moment, mon séjour en Angleterre l’exposerait d’une manière fort triste aux hasards de « la loi du club. » En outre je commence à penser qu’une bonne réputation est une agréable chose quand elle n’est pas trop gênante, et comme je désespère de la trouver en Angleterre, je ferai aussi bien d’en essayer à l’étranger. Si Votre Honneur veut aller chez le magistrat, lui demander un mandat d’amener et un agent de police, pour me débarrasser de mon dépôt, aussitôt que je me verrai déchargé de ma responsabilité j’aurai l’honneur de vous faire mes adieux.

— À la bonne heure, comme il vous plaira. Maudits soient vos chiens de cosmétiques ? Comment diable pourrai-je jamais reprendre mon teint naturel ? Voyez-vous, maraud ! vous m’avez peint sur le côté gauche de la bouche une longue ride qui est assez épaisse pour engloutir tout ce que j’eus jamais de beauté. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? l’eau semble n’y rien faire ?

— Certainement non, monsieur, dit Job avec calme, je