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Dawson (qui paraissait plus tranquille d’esprit et même plus courageux que je m’y étais attendu), Job me fit signe de le suivre dans un petit parloir. Je lui signai une traite de cent livres sur mes banquiers, quoiqu’en ce moment ce fût comme si l’on eût tiré de mes veines la dernière goutte de mon sang, et je promis de bonne foi que si le témoignage de Dawson était couronné de succès, et à dire vrai, je n’en doutais plus, la pension lui serait régulièrement payée, comme il le désirait. Nous prîmes ensuite affectueusement congé l’un de l’autre.

« Adieu, monsieur, dit Job, je pars pour un monde nouveau, celui des honnêtes gens !

— S’il en est ainsi, répondis-je, voilà un adieu véritable ! car sur cette terre nous ne nous rencontrerons plus jamais. »

Nous retournâmes à *** Street. Comme je descendais de la voiture, une femme, enveloppée de la tête aux pieds dans un manteau, vint rapidement au-devant de moi et me saisit par le bras. « Pour l’amour de Dieu, dit-elle, d’une voix basse et précipitée, venez me parler un seul moment à l’écart. » Remettant Dawson aux soins de l’agent de police, je fis ce que l’on désirait de moi. Quand nous eûmes descendu la rue quelques pas, la femme s’arrêta. Quoiqu’elle tînt son voile abaissé sur son visage, il n’y avait à se tromper ni sur sa voix ni sur son air, je la reconnus aussitôt. « Glanville, dit-elle, dans une grande agitation, sir Réginald Glanville ; dites-moi, est-il réellement en danger ? » Elle s’arrêta court, elle ne put en dire davantage.

« J’espère que non ! répondis-je, ayant l’air de ne pas reconnaître celle qui me parlait.

— J’espère que non ! répéta-t-elle, est-ce là tout ? » Et alors les sentiments passionnés de son sexe surmontant toute autre considération, elle me saisit par la main et me dit : « Oh, M. Pelham, par pitié, dites-moi, est-il vrai qu’il soit à la discrétion de ce scélérat de Thornton ? Vous n’avez pas besoin de me rien déguiser ; je connais toute la fatale histoire.

— Calmez-vous, chère lady Roseville, lui dis-je d’une