Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il était que sa fin approchait rapidement. Son unique vœu était d’être témoin de notre union. Ce désir et l’intérêt qu’il prenait à notre bonheur lui donnaient une nouvelle énergie et une nouvelle animation qui nous faisait espérer vivement qu’il se rétablirait complètement. La nature même du mal auquel il était en proie entretenait cette douce croyance de nos cœurs : il avait les joues colorées et les yeux vifs, sous cette animation factice se cachait le ravage des progrès incessants de sa maladie.

Depuis le jour mémorable où j’avais rencontré lady Roseville dans *** Street, nous ne nous étions pas revus. Elle s’était renfermée dans son splendide hôtel et les journaux étaient pleins de regrets sur la maladie présumée et sur la retraite certaine d’une dame dont les fêtes et les réjouissances leur avaient fourni leurs pages les plus brillantes. La seule personne admise auprès d’elle était Hélène. Depuis quelque temps elle ne lui faisait plus mystère de son inclination, et recevait par elle des nouvelles quotidiennes et sûres de la santé de sir Réginald. Plusieurs fois, quand à une heure avancée, je quittais les appartements de Glanville, je passai devant une figure de femme complètement déguisée, et qui paraissait veiller sous ses fenêtres, toujours ouvertes à cause de la chaleur de la saison, pour plonger peut-être un coup d’œil dans la chambre du malade et entrevoir en passant sa figure amaigrie et languissante. Si la femme qui veillait ainsi, triste et solitaire, était celle que je soupçonnais, il fallait qu’en effet elle fût dominée par un amour bien puissant et bien profond, pour lui sacrifier ainsi l’orgueil et la fierté de la noble comtesse de Roseville !

Je passe à un personnage très-différent dans cette véridique histoire. Mon père et ma mère étaient absents de la ville et chez lady H. quand mon mariage fut arrêté ; je leur écrivis à tous deux pour leur demander d’approuver mon choix. Je reçus de lady Frances cette réponse :

« Mon très-cher fils,

« Votre père désire que je réunisse ses félicitations aux miennes, sur le choix que vous avez fait. Je me hâterai