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c’est ce que ni le monde ni moi nous ne pouvons décider encore. « Le temps, dit un des Pères, est la seule pierre de touche qui distingue le prophète du charlatan. »

Cependant, ami lecteur, durant les deux années que je me propose de consacrer à la retraite et à l’étude, je ne serai pas tellement occupé de mes champs et de mes in-folios que cela me rende incivil envers toi. Si jamais tu m’as connu à la ville, je t’invite de bon cœur à me venir faire visite à la campagne. Je te promets que les vins et les mets de ma table ne feront pas honte au compagnon de Guloseton ; et que ma conversation ne sera pas plus ennuyeuse que mon livre. Je te ferai compliment de tes chevaux, tu me féliciteras de ma femme. Un verre de vin vieux à la main, nous causerons des événements du jour, et, si les derniers nous attristent, eh bien ! nous aurons toujours la ressource de nous consoler avec les souvenirs du passé. Bref, à moins que tu ne sois trop insensible ou trop difficile, ce sera ta faute si nous ne sommes pas excellents amis.

Je sens qu’il ne serait pas poli de ma part après avoir tenu compagnie à lord Vincent, dans le voyage de ces pages qui n’est pas toujours amusant, de le congédier brutalement sans un mot d’adieu. Puisse-t-il dans la route politique qu’il a choisie, trouver toute l’admiration que ses talents méritent ; et si jamais nous nous rencontrons comme adversaires, puissions-nous ne pas nous décocher de traits plus acérés qu’une citation ou une plaisanterie !

Lord Guloseton correspond régulièrement avec moi, et la dernière lettre contenait la promesse de me faire visite dans le courant du mois, pour aiguiser par l’air de la campagne son appétit qui s’est beaucoup émoussé, dans ces derniers temps.

Mon oncle m’a écrit, il y a trois semaines, pour m’annoncer la mort de l’enfant que lady Glenmorris lui avait donné. Sincèrement je souhaite que cette perte puisse être réparée. J’ai déjà bien assez de fortune pour mes besoins, et bien assez d’espérances pour mes désirs.

Thornton est mort comme il avait vécu, le réprouvé ! le scélérat ! « Peuh, dit-il, dans son langage brutal, au digne