Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prêtre qui l’assistait à ses derniers moments avec plus de zèle que de succès ; peuh ! quelle différence y a-t-il entre votre argot et le mien ? N’est-ce pas de même un vain son ? Seulement vous êtes la cloche et moi je vais être le battant. Pendant que vous jaserez encore, moi je me balancerai suspendu. »

Dawson est mort en prison, tranquille et repentant. La lâcheté qui gâte l’honnête homme, est souvent ce qui sauve le coquin.

J’ai reçu de lord Dawton une lettre dans laquelle il me prie d’accepter un bourg (à sa nomination) qui vient de devenir vacant. Quel dommage que la générosité, si prodigue pour ceux qui n’en ont que faire, soit souvent si avare pour ceux qui en auraient besoin ! Il n’est pas nécessaire de vous dire ma réponse. J’espère cependant apprendre à lord Dawton qu’on peut pardonner au ministre sans oublier l’affront. En attendant je me contente de m’ensevelir dans ma retraite avec mes professeurs muets de logique et de législature, pour justifier dans la suite la bonne opinion que Sa Seigneurie a de mes capacités. Adieu, Brutus, nous nous rencontrerons à Philippes !

Il y a quelques mois que lady Roseville a quitté l’Angleterre ; les dernières nouvelles que nous avons reçues d’elle nous informaient qu’elle vivait à Sienne dans la retraite la plus absolue et dans un triste état de santé.

« Le jour marche, même quand l’orage dérobe le soleil. — Ainsi le cœur se brise ; mais, tout brisé qu’il est, il n’en continue pas moins à vivre. »

Et la pauvre lady Glanville ! la mère d’un fils si beau, si heureusement doué, et perdu si malheureusement ! que pourrais-je vous en dire que vous, vous, et vous, vous tous qui êtes père ou mère, n’ayez ressenti mille fois plus vivement dans ces replis du cœur trop profonds pour y laisser pénétrer les paroles de consolation ou les larmes. Il y a encore bien des heures où je trouve la sœur de celui qui nous a quittés, dans un chagrin dont ne peut la consoler même son époux ; et moi, moi, ô mon ami, mon frère, ne crois pas que je t’aie oublié dans la mort ? Je