Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/283

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laisse tomber la plume, je me détourne de mon travail, ton chien est à mes pieds, il me regarde, comme s’il comprenait ma pensée, avec un œil rempli de larmes.

Mais ce n’est pas ainsi que je veux me séparer de mon lecteur ; notre premier bonjour ne s’est pas dit dans le chagrin, nos adieux ne se feront pas dans la tristesse. Toi, donc qui m’as suivi à travers les phases variées de mes confessions, je voudrais bien pouvoir me rendre cette justice que j’ai eu quelquefois en vue ton instruction, lorsque je paraissais seulement me vouer à ton amusement. Mais je ne veux pas insister là-dessus ; c’est souvent le moyen de faire perdre à la leçon morale la plus grande partie de son effet. Trop heureux si j’ai seulement ouvert à tes yeux une page fidèle et moins rebattue que tant d’autres du grand livre, du livre varié de la vie humaine. Dans ce monde d’activité je n’ai pas été un contemplateur sans but, ni un comparse oisif. Tandis que tout autour de moi veillait, se tenait debout, je ne me suis pas jeté sur mon lit pour dormir, pas même pour me donner le luxe d’un rêve de poète. Semblable à l’écolier, je n’ai vu dans l’étude que l’étude, mais dans l’action une volupté.

Néanmoins, tout ce que j’ai vu, ou entendu, ou senti, je l’ai recueilli dans ma mémoire, pour le couver avec mes propres pensées, j’en dépose le résultat devant vous,

« Sicut meus est mos,
Nescio quid meditans nugarum ;


mais non pas, peut-être,

Totus in illis. »

Quelque société que j’aie représentée, mes esquisses sont prises sur nature : j’ai été un témoin et non un copiste. Je n’ai jamais évité un cercle ou un individu qui pouvaient me présenter la vie sous un point de vue nouveau, ou l’homme sous de nouveaux rapports. Il est juste cependant d’ajouter que, n’ayant pas voulu faire de satires individuelles, mais des observations générales, j’ai, à l’occasion, dans les caractères secondaires (tels que ceux de