Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/93

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Fugêre pudor, verumque, fidesque ;
In quorum subiêre locum fraudesque dolique,
Insidiæque, et vis, et amor sceleratus habendi.


— Voilà une petite citation assez modeste, lui dis-je. Vous avouerez, du moins, que l’amor sceleratus habendi se cachait peut-être bien à l’ombre de cette pudor et de cette fides qui caractérisent votre parti. Autrement je ne saurais comment m’expliquer la violence des efforts auxquels nous avons eu l’honneur de résister.

— Ne craignez rien, me répondit Vincent, je ne veux pas vous réfuter ; ce n’est pas à nous, c’est-à-dire aux vaincus, à argumenter contre vous, nos vainqueurs. Mais dites-moi je vous prie, ajouta Vincent avec un sourire qui ne me plut pas, quel est, dans ce partage des fruits du beau jardin d’Hespérie, la petite pomme qui vous est tombée en partage ?

— Mon bon Vincent, n’anticipons pas sur les évènements ; s’il tombe une pomme dans mon giron, que ce ne soit point une pomme de discorde entre nous.

— Qui parle de discorde ? demanda lady Roseville en venant à nous.

— Lord Vincent, lui dis-je, s’imagine que le fruit célèbre dont on a dit detur pulchriori (qu’il soit donné à la plus belle), c’est lui-même ; souffrez, en conséquence, que j’offre mon ami à Votre Seigneurie. »

Vincent murmura quelque chose que, en raison de l’amitié et de l’estime que j’avais pour lui, je ne voulus pas entendre. Je me dirigeai vers une autre partie du salon où j’aperçus lady Dawton. C’était une grande belle femme aussi fière qu’il appartient à la femme d’un libéral. Elle me reçut avec une grâce tout inusitée et je m’assis près d’elle. Il y avait trois douairières et un vieux beau de l’ancienne école qui faisaient la conversation avec la superbe comtesse. On parlait de la société en général.

« Non, disait le vieux beau qui s’appelait M. Clarendon, la société est bien différente aujourd’hui de ce qu’elle était dans ma jeunesse. Vous vous rappelez, lady Paulet, les délicieuses soirées de l’hôtel D*** ? Où trouverons-nous jamais