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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/103

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CHAPITRE VII. — LES RÉPUBLIQUES : VENISE, FLORENCE.

valeur ; la monnaie, l’approvisionnement de la ville le personnel des fonctionnaires, etc.[1]. On apprend incidemment d’autres faits, par exemple, comment, lors de la création des nouvelles rentes sur l’État (monte), en 1353 et les années suivantes, les prédicateurs franciscains parlèrent en chaire en faveur des rentes, et les prédicateurs dominicains et augustins contre elles[2] ; enfin nulle part en Europe les conséquences économiques de la peste noire n ont été et n’ont pu être étudiées et exposées comme à Florence[3]. Un Florentin seul pouvait nous apprendre comment on s’attendait à voir baisser le prix de toutes choses, vu le chiffre de la mortalité, et comment, au contraire, le prix des denrées et les salaires augmentèrent du double ; comment le bas peuple ne voulait d’abord plus travailler et ne songeait plus qu’à bien vivre ; comment on ne pouvait plus se procurer des domestiques sans payer des gages exorbitants ; comment les paysans ne voulaient plus cultiver que les meilleures terres et laissaient sans culture celles qui étaient de qualité inférieure, etc. ; enfin, comment les legs énormes qui, pendant la peste, avaient été faits en faveur des pauvres parurent ensuite sans objet, attendu que les pauvres étaient ou morts ou devenus riches. À propos d’un legs considérable fait par un riche particulier sans enfants en faveur de tous les mendiants de la ville (il laissait six deniers à chaque mendiant), on essaya de faire la statistique complète de la mendicité à Florence[4].

  1. Il y avait à Florence un corps de pompiers permanent. (Giov. Villani
  2. Matteo Villani, III, 106.
  3. Matteo Villani, I, 2-7, compar. 68. — Quant à la peste elle-même, il faut placer en première ligne la célèbre description qu’en fait Boccace au commencement du Décaméron.
  4. Giov. Villani, X, 164.