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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/114

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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

sphère de nos études, attendu qu’avant l’époque d’André Doria elle n’a guère pris part à la Renaissance, ce qui faisait passer les Génois aux yeux de l’Italie pour des contempteurs de toute haute culture intellectuelle [1]. Les luttes des partis ont ici un caractère tellement sauvage, elles étaient accompagnées de perturbations tellement violentes que l’on comprend à peine comment les Génois ont pu s’y prendre pour retrouver une existence supportable après toutes les révolutions et toutes les occupations dont ils ont souffert. Peut-être ont-ils pu vivre parce que presque tous ceux qui faisaient partie du gouvernement déployaient en même temps une grande activité commerciale [2]. Gênes est un exemple frappant de la force de résistance que le travail et la richesse peuvent opposer à l’incertitude de l’existence politique ; elle nous montre aussi que la possession des colonies lointaines est compatible avec la situation intérieure la plus précaire.

Lucques ne joue qu’un rôle insignifiant au quinzième siècle.

  1. Pierio Valeriano, De infelicitate litteratorum, à propos de Bartolommeo della Rovere. (L’ouvrage de P. V. écrit en 1527, est cité, dans ce qui suit, d’après l’édition de Menken, Analeeta de calamitate liiteratornm, Leipzig, 1707.) Il ne peut être question ici que du passage qui se trouve p. 348, passage qui ne renferme pas, il est vrai, l’allégation qui figure dans le texte, mais où il est dit que B. d. R. veut détourner des études son fils, qui a beaucoup de goût pour les travaux intellectuels, pour le forcer d’entrer dans les affaires.
  2. Senagera, De reb. Genuens., dans Murât., XXIV, col. 548. Sur cette incertiiude,compar. surt. coL 5i9,525,528, etc. Voir dans Cagnola, Archw. stor., IU, p. 165 ss., le discours très-franc de Battista Guasco, chef des vingt-quatre envoyés génois qui vinrent trouver François Sforza lorsque Gênes se donna à lui ; l’ambassadeur déclare que Gênes se livre au duc parce qu’elle pourra espérer de vivre plus tranquille et plus sûre. La figure de l’archevêque, doge, corsaire, etc., plus tard cardinal Paolo Fregoso, se détache vigoureusement au milieu de celles du temps.