Aller au contenu

Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VIII
POLITIQUE EXTÉRIEURE DES ÉTATS ITALIENS

De même que la plupart des États italiens, considérés au point de vue de leur organisation intérieure, étaient des machines savantes, c’est-à-dire des créations voulues nées de la réflexion, reposant sur des bases visibles et bien calculées, de même leurs rapports entre eux et avec l’étranger devaient être soumis à des règles positives. Le fait qu’ils doivent presque tous leur existence à des usurpations assez récentes est aussi fatal pour leurs relations extérieures que pour leur situation intérieure Pas un ne reconnaît l’autre sans réserve ; le même hasard qui a présidé à la création et au maintien d’un État peut servir contre l’État voisin. Il ne dépend pas toujours d’un despote de rester inactif ou d’agir. Le besoin de s’agrandir, de faire montre d’activité en général, est particulier à tous les souverains illégitimes C’est ainsi que l’Italie devient la patrie d’une « politique extérieure » qui a remplacé peu à peu, même dans d’autres pays, l’application du droit naturel. La manière de traiter les questions internationales est tout objective, elle est sans préjugés et sans scrupules ; elle arrive ainsi à prendre parfois un air de grandeur et d’éclat, tandis que la vue de l’ensemble produit l’impression qu’on ressent en face d’un abime.