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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

marais, favoriser la production du vin et des céréales ; faire rendre partout une exacte justice, fixer et répartir les impôts de telle sorte que le peuple en reconnaisse la nécessité et qu’il voie que le prince puise à regret dans la bourse d’autrui, travailler au soulagement des pauvres et des malades, enfin protéger les savants distingués, et vivre avec eux, dans l’intérêt de sa gloire future.

Mais, quels qu’aient été les côtés lumineux de ces États en général et les mérites de quelques-uns d’entre eux, le quatorzième siècle n’en reconnaissait ou n’en pressentait pas moins la fragilité de la plupart de ces tyrannies et le peu de garanties qu’elles offraient. Les constitutions politiques, comme celles dont nous parlons, ont naturellement des chances de durée en rapport avec l’étendue des États ; aussi, les autocraties les plus puissantes tendaient-elles toujours à absorber les plus faibles. Quelle hécatombe de petits princes a été sacrifiée en ce temps-là aux seuls Visconti ! Mais à ce danger extérieur correspondait presque toujours une fermentation intérieure, et le contre-coup de cette situation sur le caractère du souverain devait nécessairement, dans la plupart des cas, être funeste au dernier point. La fausse toute-puissance, la soif de jouir et l’égoïsme sous toutes ses faces, d’une part, les ennemis et les conspirateurs, de l’autre, faisaient de lui, presque inévitablement, un tyran dans la mauvaise acception da mot.

Si, du moins, les princes avaient pu se fier à leurs plus proches parents ! Mais dans des situations où tout était illégitime, il ne pouvait s’établir un sérieux droit

    spectacle désagréable, qui est surtout dégoûtant pour les étrangers et qui rend les chevaux ombrageux.