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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/208

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DÉVELOPPEMENT DE L’INDIVIDU.

gosse pour avoir la mâchoire de saint Lambert ; celui où les dévots Espagnols le couvrent de toutes sortes d’ornements « jusqu’à ce qu’il ait bien l’air d’un pontife pomponné selon les règles » ; et ces autres passages où, sur la route d’Ostie à Rome, il fait une démonstration pleine de violence et de mauvais goût, délibère pour savoir si Pasquin périra par l’eau ou par le feu, interrompt tout à coup les discussions les plus graves parce qu’on lui annonce le diner, et finit, après un règne malheureux, par mourir pour avoir bu trop de bière ; sur quoi la maison de son médecin particulier est enguirlandée par des coureurs de nuit et ornée de cette inscription : Liberatori Patriæ S. P. Q. R. Sans doute, lors de la suppression de toutes les rentes, Paul Jove avait aussi perdu la sienne, et il n’avait obtenu un bénéfice à titre de dédommagement que parce qu’il n’était « pas un poëte », c’est-à dire pas un païen[1]. Mais il était écrit qu’Adrien serait la dernière grande victime de ce genre. Après les malheurs de Rome (1527), la médisance et la calomnie diminuèrent visiblement en même temps que la perversité des individus.

Pendant que les mauvaises langues avaient encore beau

  1. Ce qui peint admirablement les sentiments de Rome à l’égard d’Adrien, ce sont les paroles dc Pier. Valerian, De infeL Ut., ed. Merirken, p. 382 ; Eeee adett Musantm et eloquentiæ lotiusque nitorit hostis acerrimut, qui literatis omnibus inimiciiias minitareiur, quoniam, ut ipse dictilabat, Tereniiani esssnt, quot cum odisse atgue etiam persequi catpissct vûluatarium aUi exilium, alias atque alias alii latebras quatrentsi tam diu laiuere guoad Dei hene^eio altero imperii anno deeessit, qui ai aUquanto diulius vixistet, Gothica ilia tempora adversua honas litteroa videhatur aus~ citaiurus. — Du reste, la haine générale qui poursuivait Adrien provenait eu partie de ce qu’étant pressé d’argent, il recourut à un impôt direct. Ransk, Hiatoirs dea papes, I, p. 411. — Comme contre-partie des faits que nous avons relatés jusqu’ici, nous rappellerons qu’il s’est aussi trouvé quelques poëtes qui out fait l‘éloge d’Adrien. Comp. de nombreux passages des Coryeiana {éd, Home, 1524), surt. JJ2b si.