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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/268

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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

la science pure. Appelé à Ferrare (1429) par Nicoló d’Este pour faire l’éducation de son fils Lionel, il devint professeur d’éloquence et enseigna les deux langues anciennes à l’université de celte ville lorsqu’il eut accompli sa mission. Même à côté de Lionel, il avait formé de nombreux élèves de différents pays ; il réunissait dans sa maison des jeunes gens pauvres et studieux qu’il entretenait en partie ou même tout à fait ; les soirées jusque bien avant dans la nuit étaient consacrées à des entretiens dont la science était l’objet et à la répétition des cours. Lui aussi tenait extrêmement aux pratiques religieuses et aux bonnes mœurs. Guarino étudiait la Bible et était en relation avec des contemporains remarquables par leur piété ; mais il ne craignit pas d’écrire contre ces derniers une apologie des écrivains profanes ; si ta plupart des humanistes de ce siècle n’ont pas toujours été recoromandables par leurs sentiments religieux et par leur moralité, cela n’a pas tenu aux leçons et aux exemples de Vittorino et de Guarino. On comprend diFficilemeat que, malgré scs occupations régulières, Guarino ait trouvé le temps de traduire de nombreux auteurs grecs et d’écrire de grands ouvrages, fruit de ses études personnelles[1]. Mais Guarino n’avait pas la

  1. Sur cette question et pour le jugement à porter sur Guarino, voir FaGïUS, De virit iHnsiribus, p. 17 ss., et CoRTESiüS, De kominihua doctis, p 13. Tous deux s’ijccordent à dire que les savants de toute la génération suivante se vantaient d’avoir été les élèves de Guarino ; mais tandis que Fazio fait l’éloge de ses ouvrages, Cortese croit que sa gloire aurait gagné à ce qu’il n’écrivît pas. Guarino et Vittorino étaient liés et s’étaient aidés mutuellement dans leurs études ; leurs contemporains aimaient à les comparer run à l’autre ; ils donnaient ordinairemeat l’avantage à Guarino (S.ibellico, Dial, de lal. Ung. rcjoarafa, dans ROSMINI, II, 112.). Il faut surtout remarquer l’attitude qu’il prit vis-à-vis d’Eimafrodito ; comp. Rosmlni, n,4S ^ Ou vante chea G«ar. et Vitt, lenr extrême sobriété, — ils ne buvaient jamais de vin pur ; — ils avaient tous deux les mêmes principes d’éducation : jamais ils ne se servaient de la