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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/267

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CHAPITRE V. — LES UNIVERSITÉS ET LES ÉCOLES.

fois au nombre de 80), qu’il nourrissait et instruisait chez lui « per l’amore di Dio ». Plus il venait d’élèves, plus il fallait de maîtres pour enseigner, sous la direction de Vittorino, ce qui répondait le mieux aux aptitudes des jeunes gens qu’ils devaient instruire. Gonzague avait à lui payer annuellement 240 florins d’or ; il lui bâtit, de plus, une maison magnifique, la Giocosa, dans laquelle le maître demeurait avec ses élèves, et plus d’une fois il prit sa part des dépenses qu’entraînaient l’entretien et l’instruction des élèves pauvres ; quand Vittorino avait besoin de quelque chose, il s’adressait à des princes et à des gens riches, qui n’accueillaient pas toujours ses demandes et qui, par leur dureté, le forçaient à contracter des dettes. Il finit pourtant par se trouver dans une honnête aisance ; il possédait à la campagne une propriété où il allait passer les vacances avec ses élèves, et il avait une bibliothèque célèbre dont il aimait à prêter et même à donner les livres ; mais il n’entendait pas qu’on la dépouillât de sa propre autorité. Le matin, il lisait des livres de dévotion, puis il se flagellait et allait á l’église ; ses élèves étaient aussi obligés de fréquenter l’église à son exemple, de se confesser une fois par mois et d’observer rigoureusement les jeûnes prescrits. Les jeunes gens qu’il dirigeait éprouvaient pour lui un respect mélé de crainte ; quand ils avaient commis quelque méfait, une rude punition suivait immédiatement la faute. Il était vénéré non-seulement de ses élèves, mais encore de tous ses contemporains ; on faisait exprès le voyage de Mantoue pour aller le voir.

Guarino de Vérone [1] (1370-1460) s’occupa davantage de

  1. Vespas. Ftor., p, 646, dont C. ROSMINI, Vila e disciplina di Guarino Veroneae e de’ suoi discepoU, Brescia, 1805-6, 3 volumes, dit (t. II, p. 36} ; Formicoîanic di errori di fallo.