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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

historiographes ; ce dernier était chargé de lui expliquer, à lui et à sa cour, l‘historien latiu Tite-Live, et ces leçons journalières n’étaient pas même interrompues par les campagnes du prince. Ces savants lui coûtaient tous les ans 20,000 florins d’or ; il donna 1,000 florins d’or à Panormita pour son ouvrage ; outre les 300 ducats de traitement annuel qu’il accordait à Facio, il fit don à ce savant d’une somme de 1,500 florins d’or pour son histoire d’Alphonse, et il lui écrivit quand le livre fut terminé ; « Je ne prétends pas vous payer votre ouvrage, car il est un de ceux qui ne peuvent se payer, même si je vous donnais une de mes meilleures villes ; mais avec le temps je tâcherai de m’acquitter envers vous[1]. » Lorsqu’il prit pour secrétaire Giannozzo Mannetti, auquel il faisait la plus brillante situation, il lui dit : « Je partagerais avec vous mon dernier morceau de pain. » Déjà lorsque ce savant avait été envoyé par Florence pour complimenter le prince Ferrante à Poccasion de son mariage, il avait fait une telle impression sur le roi que ce prince resta immobile sur son trône, « ainsi qu’une statue de bronze », et qu’il ne songea pas même à chasser une mouche qui, au commencement du discours de Mannetti, s’était posée sur son nez. Il consultait Yitruve pour la restauration du château royal ; il emportait partout avec lui des ouvrages anciens ; il regardait comme perdue la journée où il n’avait rien lu, ne se laissait déranger dans ses lectures ni par la musique, ni par nu bruit quel qu’il fût, et méprisait les autres princes

  1. Alphonse lui-méme ne parvenait pas à contenter tout le monde, p. ex., le Pogge ; comp. ShepeerdTonelli, Vita dt Poggio, ii, 108 ss., et la lettre du P. à Facius, dans Fœ. de vir. iü., ed. Mehüs, p. 88, où il dit d’Alph. : Ad ostentatiomm quœdam faeit quibus videaiur doctis virit favere, ainsi que la lettre du Pogge dans Mai, Spicii, t. X, p. 241,