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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/298

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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

Pour les avocats, c’était la composition de l’auditoire qui déterminait la nature des discours. Suivant les circonstances, l’orateur appelait à son aide toutes les ressources de la philologie et de l’antiquité.

Un genre à part, ce sont les harangues adressées en italien aux soldats, soit avant, soit après l’action. Frédéric d’Urbin[1] était passé maître dans la harangue militaire : il savait admirablement enflammer le courage de ses bataillons lorsqu’ils étaient là, prêts à combattre. Il est possible que bien des discours qui figurent chez les écrivains militaires du quinzième siècle, par exemple chez Porcelüus (p. 126), soient en partie des œuvres d’imagination pure ; mais il se peut aussi qu’ils reposent souvent sur des paroles qui ont été réellement prononcées. Les allocutions adressées à la milice florentine[2], organisée depuis 1606, surtout d’après les conseils de Machiavel, allocutions prononcées lors des revues et plus tard à l’occasion d’une féte annuelle particulière, ont encore un caractère différent. L’orateur y parle du patriotisme en général ; c’est un citoyen portant la cuirasse et l’épée qui les prononce devant la milice assemblée.

Enfin, au quinzième siècle, le serment proprement dit n’est parfois guère différent du discours ordinaire, vu que beaucoup d’ecclésiastiques étaient entrés dans le mouvement qui avait l’antiquité pour point de départ, et qu’ils étaient jaloux de faire valoir leurs connaissances littéraires. Bernardin de Sienne lui-même, ce prédica-

    suis coloribu» et pignuntis/acere videmut. (Pctrus AlctoNIDS, De exilio, ed. Menken, p. 136.)

  1. 1/etp, Fior,, p. 103. Comp. l’Hittoire, p. 598, où il raconte com*ment Giannozzo Mannetti Tint le trouver dans son camp.
  2. Archiv, stor., XV, p, 113, 121. Introduction de Canettrini, p. 32 SS., la reproduction de deux harangues militaires ; la première, prononcée par Alemanni, est d’une beauté remarquable et digne du moment (1528).