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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 1.djvu/299

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CHAPITRE VII. — REPRODUCTION DE L’ANTIQUITÉ.

leur des rues qu’ou regardait comme un saint, même de son vivant, et qui était adoré du peuple, regardait comme un devoir de ne pas dédaigner les cours de rhétorique du célèbre Guarino, bien qu’il n’eût à prêcher qu’en italien. En ce temps-là on était aussi exigeant à l’égard des prédicateurs de carême qu’on l’a été à n’importe quelle époque ; parfois il y avait aussi un auditoire qui ne craignait pas la philosophie dans la chaire et qui demandait même à y retrouver les idées philosophiques qui lui étaient familières[1]. Il ne s’agit ici que des prédicateurs de premier ordre que le hasard appelait à parler en latin. Comme nous l’avons dit, bien des occasions de se faire entendre leur étaient enlevées par des laïques lettrés. Ce sont des laïques qui prennent la parole à certaines fêtes de saints, aux enterrements et aux mariages, lors de l’installation des évêques, etc., même à la première messe d’un ecclésiastique ami ; ce sont des laïques qui, le jour de la fête solennelle [2], prononcent le discours d’apparat devant le chapitre d’un ordre. Cependant, au quinzième siècle, c’étaient généralement des moines qui prêchaient devant la cour pontificale, quelle que fût la cérémonie à célébrer. Sous Sixte IV, Giacomo de Volterra relève les noms de ces prédicateurs officiels, et il les critique selon les règles de l’art [3], Fedra lughirami, célèbre comme prédicateur sous

  1. Voir là-dessus Faustinus Terdoceus, dans sa satire De triumpko stullitiœ, lib. II.
  2. On trouve ces deux cas extraordinaires dans Sabellicüs. [Opera, fol. 61-82. De origine et auctu religionis, discours prononcé en chaire à Vérone, devant le chapitre des Carmes déchaux, et : De sacerdotii lauàibus, discours prononcé à Venise. Comp. 292, note 3.)
  3. Jac. VoLATERRANi Dïar. Roman., dans Mur., XXIII,— On cite, col. 173, un sermon extrêmement remarquable, prononcé devant la cour, mais toutefois en l’absence accidentelle du Pape : le Père Paolo Toscanella fulmina contre le Pape, la famille du