de Milan, parce qu’ils ont eu autrefois de graves démêlés ensemble. « Monsignor, lui-dit-il, pardonnez-moi si je n’ai pas confiance en vous, bien que vous soyez mon frère » ; déjà il avait choisi pour commander le château, cette « garantie de son retour », un homme auquel il avait toujours fait du bien et jamais de mal[1] ; celui-ci n’en livra pas moins le château,
À l’intérieur, le More s’efforça de régner en s’inspirant des intérêts de ses sujets ; aussi croyait-il pouvoir compter, à Milan et en dernier lieu à Côme, sur l’affection dont il était l’objet. Cependant, depuis l’année 1496, il avait imposé le pays outre mesure, et à Crémone, par exemple, il avait fait étrangler secrètement, par mesure politique, un citoyen notable qui s’était plaint des nonveaux impôts ; aussi depuis ce moment tenait-il à distance ceux qui venaient lui présenter des requêtes ; il était séparé d’eux par une barre[2], ce qui obligeait les gens à parler très-haut pour se faire entendre. — Mais à sa cour, qui était la plus brillante de toute l’Europe depuis que la cour de Bourgogne n’existait plus, on voyait régner l’immoralité la plus profonde : le père livrait sa fille, le mari sa femme, le frère sa sœur[3]. Le prince du moins resta toujours actif, et, comme fils de ses œuvres, il se trouva tout naturellement rapproché de ceux qui devaient également leur situation à leurs hautes facultés intellectuelles, tels que les savants, les poètes, les musi-
- ↑ Son dernier discours à ce gouverneur, Bernardino da Corte, tout émaillé de fleurs de rhétorique, bien que d’aiileurs il réponde aux idées qu’avait alors Ludovic, se trouve dans Senarega, Murat., XXIV, col. 567.
- ↑ Diario Ferrarese, dans Murat., XXIV, col, 336, 367, 369. Le peuple croyait qu’il thésaurisait.
- ↑ Corio, fol. 443. On retrouve le contre-coup de cette situation surtout dans les nouvelles relatives à Milan et dans les introductions de Bandello.