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CHAPITRE VII. — LES RÉPUBLIQUES : VENISE, FLORENCE.

mille bateaux chargés d’huile et de via. et, parallèlement à cette ligne de navires, la rive où fourmillent les portefaix et les entrepôts des marchands ; enfin, du Rialto jusqu’à la place de Saint-Marc, les boutiques de parfumerie et les hôtelleries. C’est aiusi qu’il promène !c lecteur de quartier en quartier jusqu’aux deux lazarets, qui foüt partie de ces éfablissements de haute utilité qu’on ne trouve nulle part organisés avec autant d’intelligence. En général, les Vénitiens se distinguaient par une grande sollicitude pour les personnes en temps de paix comme eu temps de guerre ; ils soignaient les blessés, même si c’étaient des ennemis, avec un dévouement qui faisait l’admiration des étrangers [1].

Les établissements publics de Venise, quels qu’ils fussent, pouvaient servir de modèles ; les pensions étaient réglées d’après un système raisonné, qui s’étendait jusqu’aux héritiers des pensionnaires. La richesse, la sécurité politique, l’expérience avaient mûri les idées des Vénitiens en pareille matière. Les hommes, blonds [2], à la taille élancée, à la démarche grave et silencieuse, à la parole réfléchie, ne se distinguaient guère les uns des autres par le costume et par l’extérieur ; ils laissaient les bijoux, surtout les perles, à leurs femmes et à leurs filles. En ce temps-là la prospérité générale de Venise était encore vraiment brillante, malgré de grandes pertes essuyées dans les guerres contre les Turcs ; même plus tard les ressources accumulées dans la ville et le préjugé de toute l’Europe lui suffirent encore pour

  1. Alexandre BeXedictüs, De rebut Caroli VIII^ dans Egûard, Scri^giores, If, col. 1597, IGOI, 1621. — Dans la Venetum, Mürat.’ XXIV, col. 26, sont énumérées lesverlus politiques des Vénitiens : bontà, innocenza. zelo di carita, pteià, misericordia.
  2. Beaucoup de nobles portaient les cheveux coupés court ; T. Srasmi cotloqxifa, ed. Tiguri,a. 1553, p. 215 ; AliUs et cartftîesiantig.