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CHAPITRE VII. — LES RÉPUBLIQUES : VENISE, FLORENCE.

divisés en petits détachements ; seuls Gonzague de Mantoue et Gioffredo Borgia en ont, le premier 1,200, le second 740 ; puis viennent six chefs avec 600 à 700 chevaux, dix avec 400, douze avec 200 à 400, environ quatorze avec 100 à 200, neuf avec 80, six avec 50 à 60, etc. Ce sont ou bien d’anciens corps de troupes vénitiens, ou bien des détachements sous les ordres de la noblesse des villes ou des campagnes ; mais la plupart des commandants sont des princes italiens, des gouverneurs de villes ou leurs parents. Qu’on ajoute à cela 24,000 hommes d’infanterie, dont la provenance et la direction n’avaient, paraît-il, rien de particulier, plus 3,300 hommes appartenant probablement à des armes spéciales. En temps de paix, les villes de la terre ferme avaient peu ou point de garnison. Venise comptait moins sur le dévouement de ses sujets que sur leur bon sens ; on sait que, lors de la guerre de la Ligue de Cambrai (1609), elle les délia de leur serment de fidélité, et les laissa libres de choisir entre les inconvénients d’une occupation ennemie et les avantages de la domination toute paternelle qu’elle exerçait sur eux ; comme ils n’avaient pas eu lieu de manquer à leurs devoirs envers Saint-Marc et n’avaient, par conséquent, pas de punition à craindre, ils s’empressèrent de reprendre un joug aussi facile à porter. Disons, en passant, que cette guerre était le résultat de plaintes séculaires contre l’ambition de Venise. Celle-ci commit parfois la faute dans laquelle tombent les gens trop prudents, qui croient leurs ennemis incapables d’entreprises qu’ils trouvent eux-mêmes téméraires et absurdes[1]. C’est

    se trouvent dans Marin Sanudo, Vite de’ Duchi, Murat., XXII, col. 990 (de l’année 1426), col. 1088 (de l’année 1440), dans Corio, fol. 435-438 (de 1483), dans Guazzo, Historie, fol. 151 ss.

  1. Guichardin (Ricordi, no 150) est peut-être le premier à remarquer