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CHAPITRE II
LA SCIENCE DE LA NATURE EN ITALIE.

Pour la part que les Italiens ont prise au développement de l’étude des sciences naturelles, nous sommes obligé de renvoyer le lecteur aux ouvrages spéciaux parmi lesquels nous ne connaissons que celui de Libri[1]. qui est à la fois très-superficiel et très-tranchant. Les discussions soulevées par la question de priorité à propos de certaines découvertes nous touchent d’autant moins qu’à notre avis il peut surgir à toute époque et chez tout peuple cultivé un homme qui, devant peu de chose à son siècle, se jette à corps perdu dans l’empirisme et réalise, grâce à ses dons naturels, les progrès les plus étonnants. Tels ont été Gerbert de Reims et Roger Bacon ; si, de plus, ils se sont assimilé tout ce que savaient leurs contemporains, leur universalité a été la conséquence logique et nécessaire de la mission qu’ils s’étaient imposée. Quand ils eurent dissipé l’erreur qui régnait partout en maîtresse, quand ils cessèrent d’être les esclaves de la tradition et de l’autorité, et qu’ils eurent triomphé de la peur de la nature, ils virent se poser devant eux des problèmes sans nombre. Mais c’est tout autre chose quand un peuple tout entier devance d’autres peuples dans l’étude approfondie de la nature, quand celui

  1. Libri, Histoire des sciences mathématiques en Italie, 4 vol. Paris, 1838.