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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/105

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de ces choses afin que les lecteurs voient bien que la chevalerie est morte [1]. Aussi bien que de nos jours on proclame chevaliers même des morts, aussi bien on pourrait conférer ce titre à une figure de bois ou de pierre, que dis-je ! à un bœuf. » — Les histoires que Sacchetti raconte à Tappui de sa thèse sont en effet on ne peut plus probantes ; il nous montre Bernabo Visconti donnant ce titre à Tindividu sorti victorieux d’un duel de buveurs, en parant même le vaincu pour le consoler ; il nous fait voir des chevaliers allemands, avec leurs cimiers et leurs insignes, aux dépens desquels le peuple s’égaye, etc. Plus tard le Pogge [2] se moque des innombrables chevaliers qui n’ont pas de cheval et qui ne savent pas manier une arme. Ceux qui voulaient faire valoir les prérogatives de leur ordre, par exemple, sortir à cheval avec des drapeaux, avaient fort à faire à Florence vis-à-vis du gouvernement et des moqueurs [3].

En y regardant de plus près, ou s’aperçoit que cette chevalerie d’un autre âge, indépendante de toute noblesse de naissance, n’est en partie qu’un appât offert à une ambition aussi ridicule que vaine, mais qu’elle a aussi un autre côté. En effet, les tournois subsistent toujours, et ceux qui veulent y prendre part doivent avoir nécessairement le rang de chevalier. Quant aux luttes en champ clos et aux joutes classiques, qui présentent parfois de grands dangers, ce sont des occasions

  1. Che la cavalleria è morta.
  2. Poggius, De nobilitate, fol. 27. Comp. aussi plus haut, t. I, p. 22 ss., outre les passages qui y sont cités. Silvius Ænéas {ffist. Fried., III, ed. Kollar, p. 294), blâme la prodigalité avec laquelle Frédéric confère le litre de chevalier.
  3. Vasari, III, 49, et note, UHa dt He/fo. A Florence, la cc revendique le droit de faire des chevaliers. Sur les çdfé|tli^és qui accompagnaient la collation du titre de che ?aliel(^^îâ78 et en 1389, voir Reomont, Laurent, II, p. 444 ss.