Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/143

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nombre d’artistes nécessaire se trouvât réuni pour qu’on improvisât immédiatement un concert. (Dans une de ces collections on voyait aussi une foule d’instruments fabriqués d’après des dessins et des descriptions antiques ; seulement on ne dit pas si quelqu’un savait en jouer et quel effet ils produisaient.) Il ne faut pas oublier que ces instruments, avec leurs formes élégantes ou bizarres, constituaient de véritables curiosités et se laissaient grouper de manière à flatter les yeux. C’est pour cela que souvent ils trouvent place dans les collections d’autres objets d’art.

Outre les virtuoses proprement dits, les exécutants sont, ou bien des amateurs isolés, ou bien des orchestres entiers d‘amateurs, qui forment une sorte de corporation, une « académie [1] ». II y avait aussi de nombreux peintres et sculpteurs qui étaient bons musiciens et qui égalaient souvent les maîtres de l’art. — Aux personnes de condition on déconseillait les instruments à vent pour les raisons [2] qui, à ce qu’on prétend, ont arrêté autrefois Alcibiade et Minerve elle-même ; la société élégante aimait le chant, soit seul, soit avec accompagnement de violon ; elle cultivait aussi les quatuors d’instruments à cordes [3] et le piano, à cause des ressources qu’il offre ;

  1. L′Accadmia de’filarmomci de Vérone est déjà citée par Vasari, XI, 133, dans la Vie de Sanmicheie, — Dès 1480 s’élait réunie autour de Laurent le Magnifique une • école d’tiarmonîe », composée de quinze membres, parmi lesquels se trouvait le célèbre organiste et facteur d’orgues Antonio Squarcialupi. Comp. Delélloze, Florence et ses vieissiludes, vol. II, p. 256, et, pour les détails, REtî-MONT, lorensa di Medici, 1, p. 177 ss. ; II, p. 471-473. Marsile Ficin, par ex., prenait part â ces exercices, et il donne dans ses lettres {Eptsu I, 73, III, 52, V, IS) de remarquables préceptes reiaiivement â la musique. Léon X semble avoir hérité de son père, i.aurent, la passion de la musique. Pierre, le fils aîné de Laurent, paraît aussi avoir eu beaucoup de goût pour cet art.
  2. Rcortigiano, fol. 56 ; Comp. fol. 41.
  3. Quattro viole da arco, ce qui prouvait certainement un haut