Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/148

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(à la fin du quinzième siècle) [1] ; on peut même dire que Vittoria Colonna s’est immortalisée ainsi (p. 129). Si quelque chose peut prouver la vérité de ce que nous avons dit plus haut, c’est cette poésie d’un caractère tout viril. Les sonnets amoureux aussi bien que les poëmes religieux des femmes ont une allure si franche, sont écrits dans un style si ferme et si précis, si éloignés de ce mysticisme vague et de ces inégalités qu’on trouve ordinairement dans la poésie féminine, qu’on les croirait composés par des hommes, si les noms des auteurs, des renseignements positifs et des indications formelles n’affirmaient pas le contraire.

C’est qu’avec la culture l’individuaiisme des femmes de haute condition se développe absolument de la même manière que chez les hommes, tandis qu’en dehors de l’ltalie la personnalité des femmes est insignifiante jusqu’à l’époque de ta Réforme. Des exceptions comme Isabeau de Bavière, Marguerite d’Anjou, Isabelle de Castille. etc., ne se produisent que par suite de circonstances extraordinaires, et l’on est tenté de dire que ces apparitions ne sont pas tout à fait naturelles. Déjà pendant tout le quinzième siècle, les femmes des souverains italiens et surtout celles des condottieri ont presque toutes une physionomie particulière qui les distingue de la foule ; elles prennent leur part de notoriété et de gloire (t. I, p. 172). Peu à peu surgissent en grand nombre des femmes célèbres à différents titres (t. 1, p. 186, 362, 363), quand même leur distinction n’aurait consisté qu’à réunir dans leur personne le talent, la beauté, l’éduca-

  1. Par contre, les femmes restent à peu près étrangèrea aux arts plastiqnes Nommons du moins la savante Isotta Nogarola ; sur ses relations avec Guarino, comp. Rosmini, II, 67 ss. ; avec PU //, G. Voigt, ni. 515 ss.