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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/149

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tion, la pureté des mœurs, la piété, dont la réunion formait un tout parfaitement harmonieux [1]. Il n’est et ne peut être question d’une « émancipation » particulière, voulue, parce qu’elle existait naturellement, La femme de condition devait, absolument comme l’homme, tendre à une personnalité distincte et complète à tous les égards Les mêmes idées, les mêmes sentiments qui font la perfection de l’homme, devaient aussi faire celle de la femme, On ne lui demande pas l’activité littéraire effective, et, si elle est poëte, on attend bien d’elle des accents profonds et puissants, mais non des épanchements intimes et particuliers sous forme de journaux et de romans. Ces femmes ne pensaient pas au public ; elles devaient avant tout imposer à des hommes de valeur [2] et contenir dans de justes limites les tendances autoritaires du sexe fort.

Le plus bel éloge qu’on pût faire des Italiennes remarquables de cette époque consistait à dire qu’elles avaient un esprit viril, uue âme virile. On n’a qu’à considérer l’attitude toute virile de la plupart des héroïnes épiques, surtout de celles de Bojardo et de l’Arioste, pour savoir qu’il s’agit ici d’un idéal bien défiai. Le titre de « virago », que notre siècle regarde comme un compliment très-équivoque, était alors la plus flatteuse des distinctions ; Jacques de Bergame, par exemple, l’applique aux femmes qu’il a le plus vantées. Il fut porté avec éclat par Catherine Sforza, femme, puis veuve de Girolamo Riario, qui défendit avec la plus grande vigueur ia ville de Forli,

  1. Voir appendice no 3.
  2. Ant. Galateo, Epiêt. in, à la jeune Bonne sforza, qui devint plus tard la femme de Sigismond de Pologne : indpe aliquid deviro tapere, quomam ad imperandum viris nata «... ftafac, ut sapientibus viris piaeeas, uf te p^dentet et graves viri admirenlur, et vuigi et muliercularum st^ta et judicia despieia», etc. Voir une autre lettre remarquable dans Mai [SpicxUg. VIII, p. 532).