Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/151

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Il est facile de comprendre que tous les traités et dialogues dans leur ensemble ne disent rien de formel et de décisif à cet égard, malgré les longues discussions auxquelles ies auteurs se livrent sur le rôle de la femme dans la société, sur ses aptitudes et sur l’amour.

Ce qui semble, en général, avoir manqué à cette société, c’est la présence des jeunes filles [1] : on les tenait fort à l’écart, même quand elles n’étaient pas élevées au couvent, Il est diffìcile de dire si leur absence a eu pour effet de donner à la conversation une plus grande liberté ou si c’est l’inverse qui a lieu.

Parfois les Italiens semblent se passionner ponr la société des courtisanes, comme s’ils voulaient imiter les Athéniens de l’antiquité dans leurs rapports avec les hétaïres. La célèbre courtisane romaine Impéria était une femme d’esprit et de bon ton ; elle avait appris à faire des sonnets chez un certain Domenigo Campana, et elle était aussi musicienne [2]. La belle Isabelle de Luna,

    des récits de ce genre. Le passage qui se trouve, par ex., I. II fol. 100, montre que les dames qui assistaient à ses dialogues devaient savoir à l’occasion prendre un air réservé. — Ce qu’on dit du pendant du Cortigiano, la Donna di palazzo, savoir qu’elle ne doit ni fuit” une société légère ni tenir des propos inconvenants n est pas dérisif, parce que cette came du palais est bien plus la servante de la princesse que le courtisan n’est le serviteur du prince. — Dans Randello, I, AW. U, Blanche d Este raconte l’histoire dramatique des amours de son propre aïeul Niccolò de Ferrare et de la Parisina, - Les récits que, dans le Dicamèron, boctiace met daus la bouche des dames, peuvent aussi être considérés comme de., exemples de ce manque de retenue. Pour Bandello (plus haut, p. 128) et sur le parallèle fait par Landau, voir Èiuàt tur Ihist. des nou>i. ital.. Vienne, 1875, p 101, note 32.

  1. Sansovino, Venezia, fol. 152 SS. BandelJo (II, Àw 42 et IV Nov. 27) montre quel cas les Italiens qui avaient voyagé savaient faire de la l .berté des relations avec les jeunes filK s, telle qu’elle existait en Angleterre et dans les Pays-Bas. — Sur les femmes vénitiennes et italiennes en général, voirie livre d’Yriarte cité plus haut, Î874, p 50 ss.
  2. Paul Jov., De Rom. piscibus, cap. V. — Bandello, parte III,