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devant lui, à Turin, une sorte de pantomime semi-religieuse[1], qui était censée représenter d’abord une scène pastorale, « la loi de la nature », ensuite une scène de la vie des patriarches, « la loi de la grâce » ; vinrent ensuite l’histoire de Lancelot du Lac et celle « d’Athènes ». Quand le Roi arriva à Chieri, on le régala encore d’une pantomime, qui représentait une accouchée recevant la visite de quelques nobles amies.

S’il était une fête religieuse remarquable entre toutes par l’éclat de la mise en scène, c’était la Fête-Dieu, qu’embellissait en Espagne le genre particulier de poésie dont nous avons parlé (p. 164). Pour l’Italie, nous possédons du moins la pompeuse description de la Fête-Dieu célébrée par Pie II à Viterbe, en 1462[2]. Le cortège lui-même, partant d’une tente colossale, richement décorée, qu’on avait dressée devant San Francesco, traversant la rue principale et se dirigeant vers la place de la cathédrale, en était la partie la moins importante ; les cardinaux et les prélats riches s’étaient chargés de décorer l’espace à parcourir ; non-seulement ils avaient fait tendre des toiles pour abriter la procession, orner les murs de somptueux tapis[3], placer partout des guirlandes de fleurs, etc., mais encore ils avaient fait construire des théâtres en plein air, où l’on joua, pendant la procession, de courtes scènes historiques et allégoriques. La description que nous possé-

  1. Extraits du Vergier d’honneur dans Roscoe, Leone X. ed. Bossi, 1, p. 220, et III, p. 263.
  2. Pii II Comment. 1. VIII, p. 382 ss. — Bursellis. Annal. Bonon., dans Murat., XXIII col. 911, sur l’année 1492, mentionne une procession de la Fête-Dieu dont l’éclat fut partirulièrement rermarquable. — Les scènes étaient tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament.
  3. Dans ces occasions on disait sans doute : Nulla di muro si potes vedette.