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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/22

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LA DÉCOUVERTE DU MONDE ET DE L’HOMME.


gneur d’avoir créé les astres du ciel et les quatre éléments ;


Immortalis fieret
Ibi manens homo ;
Arbor ibi quælibet
Suo gaudet porno ;
Viæ myrrha, clnnamo
Fragrant, et «momo ;
Conjectarl poteral
Dominus ex domo, etc. [1].


C’est Dante qui donne les premières preuves sérieuses de l‘impression profonde que peut faire naître la vue d’un beau site, d’un paysage grandiose. Non-seulement il peint d’une manière vivante, en quelques traits, le réveil de la nature au matin et la lumière tremblotante qui se joue au loin sur la mer doucement agitée, la tempête dans la forêt, etc., mais encore il gravit de hautes montagnes dans l’unique but de jouir d’une belle vue et d’embrasser un vaste horizon [2] ; il est peut-être, depuis l’antiquité, un des premiers qui aient fait cela. Boccace laisse plutôt deviner, qu’il ne l’exprime, combien il est sensible aux beautés de la nature ; pourtant on ne méconnaîtra pas, dans ses romans pastoraux [3], le

  1. Carmina Burana, p. 162, De Phyllide et Flora, str. 66.
  2. On devinerait difficilement quel autre motif aurait pu le pousser à gravir le sommet de la Bisinantova, sur le territoire de Iiesfiïo. Pnrgat., IV, 26. La précision au moyen de laquelle il cherche à donner de la réalité à ses descriptions de l’autre monde, prouve à elle seule un sentiment très-vif de l’espace et de la forme. Autrefois le sommet des montagnes attirait par l’appât de prétendus trésors et inspirait en même temps une terreur superstitieuse ; on trouve à cet égard des détails frappants dans Chron. Nomîiciense, II, 5 {Mon. Gcrm. S, S. l’il et Alonumenla hist. pair. S. S. II ),
  3. Outre la description de Baïcs dans la Fiammetta, du bocage daiisI Ameto. Il y a dans Geneaîogia Deor., XV, 11, un p.jssage important, où il énumère un grand nombre de détails champêtres, des arbres, des prés, des ruisseaux, des troupeaux, des cabanes, etc. ; il ajoute que ces choses ammum mulccnt, il dit qu elles ont pour effet de mentem in se eoîtigere.