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216 MOEURS ET RELIGION.

enduire la cbaise à porteurs du pape Pie il, n’aurait pu agir que par sympathie On ne sait pas jusqu’oii allait en général la connaissance des poisons minéraux et végétaux ; le liquide au moyen duquel le peintre Rosso Floreniino s’ôta la vie (1541), était évidemment un acide violent», qu’on n’aurait pu administrer à une autre personne sans qu’elle s’en doutât. Quant à l’emploi des armes, surtout du poignard, les grands de Milan, de Naples et des autres villes avaient malheureusement l’occasion d’y recourir sans cesse pour se débarrasser secrètement do leurs ennemis, attendu que parmi les troupes d’hommes armés dont Us avaient besoin pour leur défense personnelle, la soif du meurtre était bien souvent la conséquence naturelle et fatale de riaaclion et de l’oisiveté. Bien des forfails n’auraient pas été commis si le maître n’avait pas su qu’il lui suffisait d’un signe pour armer la main de l’un ou de l’autre des hommes de sa suite.

Parmi les moyens secrets de destruction, figure aussi

— du moins comme acte intentionnel — la magie* ; mais elle ne joue qu’un rôle très-secondaire. Quand les auteurs citent des malefidi, des malie, cic., il s’agit presque toqjours de cas où l’on veut faire peur à uu

  • Pli II Comment., I. XI, p. 662. — Jo. Ant. Campanls, Vüa Pu 11,

dans Murât., 111, ii, col. 988.

  • Vasari, IX, 82, Uita di Bouo. — On ne saurait dire si les

mariages malheureux donnaient lieu plus souvent à des empoisonnements réels qu’à des craintes d’empoisonnement. Corap. Bandello. II, nov. 5 et 54. On trouve un fait très-bizarre. 11, nov. 40. Deux empoisonneurs vivent dans une ville de la Lombardie occidentale qui n’est pas autrement désignée ; un mari qui veut se convaincre de la sincérité du désespoir de sa femme, lui fait boire un prétendu breuvage empoisonné, qui n’est autre chose que de l’eau colorée, et là-dessus les deux époux se réconcilient. Daos la famille de Cardanus seul il y avait eu quatre empoisonnements. joro/irta rifa, cap. xxx, l.

  • Voir à l’appendice n* 1.