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CHAPITRE PREMIER. — LA MORALITÉ. 217

eDDeixii.Âu quatorzième et au quinzième siècle, îe charme funeste et mortel a une tout autre importance dans les cours de France et d’Angleterre que parmi les hautes classes italiennes.

Enfin l’Italie, ce pays où rindividualisme arrive sous tous les rapports à son extrême limite, a produit quelques hommes d’une scélératesse absolue, qui commettent le crime pour le crime même, qui le regardent comme un moyen d’arriver, non plus à un but déterminé, mais à des fins qui échappent à toute règle psychologique. A cette classe de monstres semblent appartenir d’abord quelques condottieri *, uu Braccio de Mantoue, un Tiberto Brandulmo, un Werner d’ürslingeu, doot l’écusson d’argent portait cette inscription ; « Ennemi de Dieu, de la pitié et de la charité. » J1 est certain que cette espèce d’hommes compreud, en somme, les criminels qui les premiers se sont complètement émancipés. Toutefois ou sera plus circonspect dans sou jugemeat si l’on songe que le plus grand crime qu’ils pussent commettre — d’après les chroniqueurs — consiste dans le mépris des foudres de l’Église, et que c’est là le secret de cette couleur sinistre sous laquelle ils nous apparaissent. Chez Braccio. la haine de tout ce qui teuait à la religion était poussée si loin qu’un jour, par exemple, il entra en fureur parce qu’il entendit des moines qui chantaient des psaumes, et qu’il les fit précipiter du haut d’une tour » ; « d’autre part, ses soldats trouvaient ’ On pourrait nommer en tête Ezzelino da Romano, si celui-ci n’avait été dominé par rambition et n’avait eu une foi aveurle dans l’astrologie. ^

a Giornali napoUinni^ dans MüRATORi, XXI, col. 1092, ad. a. 1425. D après le récit du chroniqueur, cet acte de violence semble avoir été commis par pure cruauté. Sans doute Br. ne croyait

      • saints, méprisait les prescriptions et les usages

de 1 Eglise, et n’assistait jamais à la messe.