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218 MŒURS ET RELIGION.

ea lui ua chef loyal et un grand capitaine ». En général, les crimes des condottieri ont dû la plupart du temps être commis par intérêt, sous l’influence de leur situation, qui était démoralisante au plus haut point ; même les cruautés qu’ils semblaient quelquefois commettre de gaieté de cœur ont dû être le plus souvent calculées, n’eussent-ils eu d’autre but que d’intimider les gens. Les cruautés des princes de la maison d’Aragon avaient, ainsi que nous l’avons vu, leur principale source dans la vengeance et la penr. La soif du sang instiaclive, la, rage diabolique de détruire et de tuer se trouveront surtout chez l’Espagnol César Borgia, dont les crimes dépassent considérablement le but qu’il veut atteindre ou qu’on lui suppose {t. I, p. 140 ss.). On reconnaît l’amour inné du mal chez Sigismond Malatesta, le tyran de Rimini (t, i, p. 41 et 282 ss.) ; ce n’est pas seulement la curie romaine*, mais c’est aussi la voix de l’histoire qui l’accuse de meurtre, de viol, d’adultère, d’inceste, de sacrilège, de parjure et de trahison ; mais son crime le plus horrible, la tentative de viol qu’il fit sur son propre fils Robert, et que ce jeune homme repoussa en menaçant son père du poignard *, pourrait bien être moins le résultat de sa dépravation que l’effet d’une superstition astrologique ou magique. C’est ainsi qu’on a essayé d’expliquer la violence faite à Tévéque de Fano »par Pierluigi Farnèse de Parme, fils de Paul 111. Si l’on nous permet de résumer ies principaux traits du caractère italien tel que la vie des classes élevées

  • ■ Pii 11 Comment., 1. VII, p. 338.

» Jovian. Pontan., De immanitate, cap. XVil, Opp., II, 968, OÜ il est question aussi de Sigismond rendant mère sa propre fille, et d’autres monstruosités semblables.

» Varchi, Siorie fiorentine, à la fin. (Si l’ouvrage est entier, comme, p, ex., dans l’édition de Milan.)