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276 MOEURS ET RELIGION.

rhomme après sa mort. Naturellement, elle n’admettait pas qu’elle eût eîk-même jeté les esprits les plus émimenis dans le désespoir et dans rincrédulité par les moyens qu’elle employait dans ses luttes. L’horreur de Dante contre Épicure, ou contre ce qu’il regardait comme sa doctrine, était certainement sincère ; le poêle de l’autre vie devait détester celui qui niait l’immortalité de l’âme, et l’idée d’un monde qui n’a pas Dieu pour créateur et pour arbitre, ainsi que le but méprisable que le système de ce philosophe se mblait assigner à notre existence, étaient aussi antipathiques que possible à l’esprit de Dante. Mais en y regardant de plus près, on voit que certaines théories philosophiques des anciens ont fait sur le grand poète lui-mônae une impression devant laquelle s’efface la doctrine biblique du gouvernement du monde. Ou bien avait-il nue idée toute personnelle, subissait-il l’influeuce de l’opinion du jour, prirlaît-il sous l’empire de I horreur du mal qui domine d^ns le monde, quand ii niait la Providence» ? 11 voit que son Dieu abandonne tous les détails du gouvernement de l’univers à une divinité capricieuse, à la Fortune, qui n’a d’autre mission que de changer et de bouleverser les choses de la terre, et qui, dans sa béatitude indifférente, peut rester sourde aux plaintes des liommes. Par contre, il maintient de toutes scs forces la théorie de la responsabilité de l’homme ; il croit au libre arbitre.

La croyance populaire au libre arbitre règne de tout temps dans l’Occident ; du reste, on a toujours rendu chacun responsable de ses actes, comme si c’était une

  • Ivfemo. VIT, 67 i 96. Sans doute il faut remarquer à ce propos

que les vers dont il s’agit sont dits par Virgile, et qu’ils combattent en partie l’opinion formulée par Dante,