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Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/287

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CUAP. III. - LA RELIGION ET L'ESPRIT, ETC. 383 leur contre-coup. S’il est question d’hérétiques judaï- sants, leur crime était sans doute d'avoir nié la divinité du Christ; tel était peut-être le cas de Giorgio da Novara, qui fut brûlé à Bologne en 1600L Mais à la même époque (1497) et dans la même ville de Bologne, l’inquisiteur dominicain dut se priver d’envoyer au bûcher le médecin Gabriel da Salo, qui avait de puissants protecteurs; Gabriel en fut quitte pour faire amende honorable*, bien qu’il eût l’habitude de tenir des propos impies : il disait, par exemple, que Jésus-Christ n’avait pas été Dieu, mais qu’il avait été simplement fils de Joseph et de Marie, qui l’avait conçu dans les conditions ordinaires; que par ses artifices il avait conduit le monde à sa perte; qu’il se pouvait bien qu'il fût mort sur la crois pour expier des crimes qu’il avait commis; que sa religiou périrait bientôt ; que son véritable corps n’était pas dans rhoslie consacrée; qii’il n'avait pas fait ses miracles en vertu d’une force divine, mais qu’ils s’étaient accomplis sous l’infinence des astres. Ce dernier point est éminem¬ ment caractéristique : la foi a disparu, ruais on se réserve la magie*. Un certain nombre d’années auparavant (1459), un chanoine de Bergame, Zanino de Solcia, avait été moins heureux : il avait également soutenu pièces; mais on attaquait même les légendes qui avaient cours depuis longtemps. Firenzuola {Opere, vol. II, p. 208), dans la dixième nouvelle, se moque des Franciscains de Norare, qui veulent ajouter une chapelle à leur église avec l'argent evtorqué aux fidèles, dove fusse dipinta quella bella storia, quando S. Francesco predicava agli uccelli nel deserto; e quando ei fece la santa zuppa, e che Vagnoìo Gabriello gli portò i zoccoli. 1 On trouve quelques détails sur lui dans Bapt. Mantüan., De paiientia, L III, cap. xiii. ® BdrSELLIS, Ann. Bonon., daus MüRAT., XXIII, COl. 915. ^ Gieseler [Hisiotre de l'Église, II, iv, § 154, note) a montré par quelques exemples frappants jusqu'où allait parfois l’audace de la critique.