Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/15

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son complet achèvement. Burckhardt l’a d’autant mieux compris, que cette discipline, cette culture est la sienne. Il y a ressaisi, à leur source, les « humanités », le goût, l’idéal classique. Sur cette terre sacrée, où il était allé en pèlerinage, il reconnaissait ses dieux.


II.

Vers les années 1850-51, Burckhardt devint professeur de l’histoire de l’art à l’Université de Bâle ; et, sauf un intervalle assez court, pendant lequel il accepta une vocation à l’Institut polytechnique de Zurich, lors de la fondation (1855), — il n’a pas cessé d’y enseigner. Aujourd’hui encore ses cours sont très suivis et par d’autres même que des étudiants. Je n’ai pas eu occasion de l’entendre, et je le regrette : Burckhardt, en effet, au dire de ceux qui le connaissent, se livre plus dans sa chaire que dans ses ouvrages et dans sa vie. Son humeur originale et sa verve bâloise, ne se donnent carrière que devant ce public d’élèves, auxquels se mêlent quelques collègues, des érudits, et un certain nombre d’amateurs. L’objet de son enseignement est l’histoire générale de la culture (Culturgeschichte), dont Herder avait, dans son Adrastea[1], donné l’esquisse et le premier modèle. Au nombre des plus belles et des plus savantes leçons de Burckhardt, l’un de ses auditeurs les plus assidus et les plus éclairés me cite une histoire de la culture grecque et une histoire du siècle de la Révolution. L’essai publié à Bâle en 1853, sur Constantin le Grand et son temps[2], est de même, sans doute, la rédaction d’un cours consacré à l’époque étrange et décisive où s’est consommée l’alliance entre le christianisme et l’Empire. — Mais, dans ce passé de la culture humaine, le temps et le pays auxquels la prédilection de Burckhardt reste fidèle, c’est la Renaissance, c’est l’Italie. Trois œuvres en témoignent, les plus étendues et les plus fortes qu’il ait écrites : le Cicérone, publié à Bâle en 1855 ; la Culture de la Renais-

  1. L’Adrastea de Herder a paru, par fragments, de 1801 à 1803.
  2. J. Burckhardt, Die Zeit Constantin’s des Grossen. — Une nouvelle édition a paru à Leipzig en 1880.