Aller au contenu

Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs ailes pour des génies ou des Amours. Pour la sculpture, cette différence entre les simples figures de genre ne fait pas grand-chose ; mais elle est importante pour la peinture, qui peut faire planer des génies, et qui a fait de cette faculté l’usage le plus étendu à Pompéi. Une certaine quantité de bas-reliefs, d’une bonne époque, prêtent les occupations des adultes à des enfants ailés ; la chasse, les jeux du cirque, la vendange, les courses de ce genre, se présentent souvent ; au Musée Chiaramonti [a], par exemple, on voit une frise qui représente une chasse de génies contre des panthères et des boucs. Un relief du chœur de Saint-Vital de Ravenne [b] représente des Amours portant les attributs de Neptune et le trône du dieu ; ils sont d’une grande beauté et datent probablement du siècle d’Auguste.

Les enfants qui jouent avec les attributs des dieux constituent, en général, une espèce particulière de bas-retiefs.

Les meilleurs sont presque partout ceux qui n’ont pas d’ailes. Il y a un trésor de naïveté innocente et drôle dans ces motifs, en partie souvent répétés. Les enfants tenant des fruits sont tantôt représentés dans ta tranquille conscience de la jouissance présente, tantôt comme des voleurs furtifs (Musée Chiaramonti et Galleria de’ Candelabri du Vatican [c]) ; pour les statues de fontaines, on se servait des petits porteurs d’amphores (même musée), de petits garçons sur des dauphins ; des satyres enfants avec des outres, des cruches, etc. (Musée de Naples [d], 2e salle des Bronzes). D’autres sujets sont la parodie des faits et gestes des adultes, tels que les petits lutteurs, les porteurs de torches, les porteurs de trophées (Museo Chiaramonti et Galleria de’ Candelabri du Vatican [e]) ; le jeu des enfants avec les masques tragiques est rendu avec une gaieté parfaite, par exemple par le petit garçon qui passe son bras à travers la bouche d’un masque (Villa Albani [f], Café), et par un petit garçon du Musée Capitolin [g] (salle du Faune), qui veut essayer l’incommode objet et l’a posé, en attendant, transversalement sur sa tête. Les rapports des enfants avec les animaux expriment tantôt la joyeuse possession (le petit garçon qui a des oiseaux dans son petit tablier, Musée Chiaramonti [h], les garçons aux canards, aux coqs, aux couleuvres, etc., Galleria de’ Candelabri du Vatican [i], galerie supérieure du Musée Capitolin [j] ; Villa Borghese [k], salles des Muses et de l’Hermaphrodite ; Uffizi à Florence [l], salle de l’Hermaphrodite) ; tantôt la protection, comme par exemple dans la ravissante petite fille du Museo Capitolino [m] (salle du Gladiateur mourant), qui protège son petit oiseau contre un animal (le bras droit et le serpent sont restaurés) ; tantôt aussi la domination victorieuse, comme par exemple dans l’admirable Petit Garçon à l’oie (Musée Capitolin [n], salle du Faune), qu’il faut rapporter, selon toute probabilité, à un original de Boethos ; quelquefois aussi c’est un tourment infligé avec méchanceté à l’animal, comme par exemple dans le petit garçon qui tient une oie par le cou en se mettant à genoux sur son