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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/191

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et que les uns attribuaient à Skopas, les autres à Praxitèle. En l’an 1583, on trouva, en effet, à la Villa Palombara, entre Sainte-Marie Majeure et le palais de Latran, une quantité de statues de ce genre ; ce sont celles qui plus tard furent transportées à Florence, et qui sont placées aujourd’hui, avec d’autres trouvées ailleurs, dans la salle de Niobé aux Uffizi [a]. Cependant non seulement le travail du tout est considérablement inférieur au style qu’on attribuerait à un Skopas ou à un Praxitèle, mais encore les statues entre elles sont des plus différentes comme facture et comme style, même comme marbre, et par cette raison redescendent au rang d’anciennes copies exécutées par diverses mains. Il faut remarquer que les deux Lutteurs de la Tribune et le Cheval du vestibule intérieur de la même galerie ont été trouvés avec ces statues. En même temps on découvrait, dans plusieurs endroits, des têtes et des figures qui sont en partie des reproductions de celles de Florence, et en partie sont à classer, avec quelque probabilité, dans le même cycle :

Vatican, Musée Chiaramonti [b] : la jeune fille qui court, sans tête ni bras (d’un beau travail, dont l’exécution libre indique clairement que nous avons là sous les yeux un fac-similé unique, et que dans les statues florentines nous ne possédons que des copies médiocres) ; — Galleria delle Statue [c] : une fille affaissée, sur le genou d’un de ses frères, qui lui sert d’appui (interprété aussi comme groupe de Céphale et Procris) ; — Galleria de’ Candelabri [d] :un fils qui fuit, le plus jeune.

Museo Capitolino, galerie supérieure [e] : un fils tombant, un autre agenouillé, et deux filles, dont l’une a été transformée en Psyché flagellée déjà dans l’antiquité ; — grande salle [f] : la statue d’une vieille femme regardant au ciel, que l’on donne pour la nourrice de la fille.

Musée de Naples [g], 4e salle : peut-être une statue debout, entièrement vêtue, est-elle une Niobide.

Dans la quatrième salle du Palais de Latran [h] : une tête semblable à une Niobide. — À Rome, il y a encore plusieurs têtes que l’on fait passer pour des Niobés, et qui ne sont en réalité que des réminiscences du véritable type de Niobé. — À Turin [i] : un Niobide mort.

D’autres statues, qui en partie ont été des Niobides, et en partie le sont devenues par des restaurations, ne pourraient être décrites sans qu’on nous accusât de prolixité et d’incertitude. Sur la manière dont on devrait, avec ces fragments, reconstituer un tout, les avis diffèrent à tel point que les uns y voient souvent le groupe de fronton d’un temple, tandis que d’autres les partagent en deux groupes pour des raisons qui ne sont pas à dédaigner. Dans ce cas, le point central serait dans l’un, la mère, dans l’autre, le pédagogue ; celui-là contiendrait les filles, l’autre les fils. Évidemment le pédagogue ferait un mauvais pendant à la noble Niobé.

On ne pourra plus se représenter exactement le véritable chef-d’œuvre grec. Déjà les anciens reproducteurs romains l’ont traité trop arbitrairement et en ont, en outre, employé les différents personnages à des mo-