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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/192

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tifs particuliers ; ils en ont fait, par exemple, des Muses on des Psychés. Une reproduction du tout était si onéreuse que, plus d’un acquéreur se contentait peut-être d’en avoir une espèce d’extrait ; celui qui possédait quelques statues se faisait peut-être faire celles qui lui manquaient, quand on pouvait les lui fournir à bon marché. Il est certain que quelques figures et quelques têtes isolées étaient plus particulièrement bien exécutées à cause de la beauté du sujet. Il sera donc mieux de renoncer à chercher quelle est la forme originale du groupement et d’exposition : l’entreprise serait vaine, et les données sont trop incertaines.

Aussi longtemps que l’on sera obligé de prendre pour base les exemplaires florentins, on ne pourra jamais reconstituer le tout en un groupe de fronton. La présence et les proportions du pédagogue rendent cela impossible. Je crois qu’il a été créé pour cet exemplaire, ou un autre analogue, par un reproducteur romain qui voulait faire deux groupes du tout ; on avait besoin d’une grande figure centrale pour les fils, et c’est sur cette seconde édition que l’œuvre continua à être reproduite. L’horrible vieille femme du Musée Capitolin, que l’on réunit aux Niobides, à titre de nourrice, reparaît sur les sarcophages, par exemple sur celui du Palais des Doges à Venise [a], et elle avait servi de pendant au pédagogue dans quelque autre exemplaire autrement ordonné du groupe. Dans l’exemplaire de Florence, elle pourrait à peine trouver place à cause des petites dimensions de celui-ci. Il n’est pas du tout certain que les deux groupes en question aient servi de groupes de fronton à un temple ; ils pouvaient, d’une manière ou d’une autre, être placés au dehors ; qu’on se rappelle à ce sujet le Cheval et les deux Lutteurs qu’on a trouvés au même endroit[1]. Ces derniers (v. p. 137) ne sont assurément pas des Niobides.

On n’est pas non plus fixé sur la position qu’occupait l’original. La plupart des statues ayant été exclusivement destinées à être regardées par devant, on en a conclu à un lien avec l’architecture, mais les recherches modernes, par exemple celles de Friederichs et de Stark, ne nous permettent pas d’admettre que le groupe couvrît le fronton d’un temple.

Parmi les figures florentines les plus rapprochées des originaux, sont : la plus grande fille ; la mère avec la fille cadette ; le fils cadet ; le fils fuyant vers la montagne (avec le pied devant le bloc) ; le fils libérateur, avec la draperie sur la tête (dans l’exemplaire dont fait partie le fragment du Vatican, il protège une sœur tombée à ses genoux) ; — aucune des filles, excepté celle qu’on vient de nommer, n’est à comparer comme exécution avec la fugitive mutilée du Musée Chiaramonti [b] (v. p. 140, B), et deux ou trois sont très peu importantes, ce qu’on peut dire aussi de l’exécution de plusieurs des fils. Le pédagogue est d’un travail romain qu’il ne faut pas dédaigner, mais il est désagréablement restauré.

  1. Sur le sarcophage vénitien, trois fils sont représentés à cheval et un autre tombant de cheval [c]. À la place du pédagogue est un homme en habit de berger.