Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/166

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haut degré de vivacité, une bonne femme fit entendre une exclamation.

« Ce doit être la mère ! dit-elle. Pauvre dame ! qu’elle est jolie et comme elle a l’air doux ! »

Toutes les têtes se tournèrent, et on aperçut une jeune femme vêtue de noir, qui montait le sentier conduisant au porche. Son voile était rejeté en arrière, laissant voir son aimable visage, ainsi que les boucles dorées des cheveux, soyeux comme ceux d’un enfant, qui s’échappaient de son petit chapeau de veuve.

Elle ne pensait pas à tous ceux qui l’entouraient ; elle pensait seulement à Cédric, à ses visites et à la joie que lui avait donnée le poney, sur lequel il était allé voir sa mère la veille. Il s’y tenait si bien et il avait l’air si content et si heureux ! Mais bientôt elle ne put s’empêcher de remarquer qu’elle était le centre de tous les regards et que son arrivée causait de la sensation.

Elle s’en aperçut d’abord parce qu’une vieille femme en manteau rouge lui fit une révérence. Une autre l’imita en disant : « Dieu vous garde, mylady ! » — Tous les hommes alors, les uns après les autres, retirèrent leur chapeau comme elle passait. D’abord elle ne comprit pas la raison des honneurs qu’on lui rendait ; puis elle se dit qu’ils s’adressaient à la mère de lord Fautleroy. Alors elle rougit légèrement, tandis qu’elle répondait d’une voix douce et en souriant à la vieille femme qui lui avait souhaité la bienvenue : « Je vous remercie. »

Pour une personne qui avait toujours vécu dans une ville américaine, affairée et populeuse, cette simple marque de déférence était toute nouvelle et même d’abord un peu embarras-