Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/167

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ce matin, que si je ne craignais de vous fâcher, j’aurais bien de la peine à ne pas en témoigner tout mon ressentiment ; car, lorsque je lui ai dit que je n’avais plus aucun soutien depuis la mort de mon pauvre Guillaume, il a eu la cruauté de me répondre : Tant mieux ! c’est toujours un gueux de moins. Comment ! s’écria Cécile extrêmement choquée d’une réponse aussi barbare, est-ce là la raison qu’il vous a donnée pour justifier ses fréquents renvois et son manque de parole ? — Il m’a assuré, madame, et cela est réellement vrai, qu’aucun des autres ouvriers n’avait encore été payé : mais ils sont plus en état d’attendre que nous ; car nous sommes les plus pauvres, et nous avons toujours été malheureux. M. Harrel ne s’est servi de nous, que parce qu’il devait une somme si considérable à son architecte, que celui-ci avait refusé de rien entreprendre pour lui, qu’après qu’il aurait été payé de ce qu’il avait déjà fait. Il nous avait bien prévenus que nous ne recevrions jamais d’argent ;